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Police-Justice

Après la fusillade de Saint-Denis, comment lutter contre la délinquance des mineurs

Un jeune de 16 ans a été tué dans une fusillade lundi soir à Saint-Denis

Un jeune de 16 ans a été tué dans une fusillade lundi soir à Saint-Denis - Capture BFMTV

Un adolescent de 16 ans a été tué et deux autres blessés lundi soir dans une fusillade à Saint-Denis, au nord de Paris. Ce drame succède à celui qui a eu lieu à La Seyne-sur-Mer, dans le Var, et à Marseille en début d'année.

Un jeune de 16 ans tué dans une fusillade lundi soir à Saint-Denis, dans une probable "expédition punitive dans le cadre de rixes régulières" entre des cités de la ville, alors que la victime était bien connue des services de police. Tous s'accordent pour dénoncer cette mort tragique qui mais reflète une délinquance juvénile particulièrement frappante, alors que l'un des agresseurs présumés, blessé d'une balle dans la cuisse, serait lui aussi âgé de seulement 16 ans. Ce drame s'ajoute à ceux observés ces derniers mois dans l'Hexagone.

Au début du mois de septembre, un jeune garçon de 14 ans a trouvé la mort, touché par une balle perdue, dans la cité Berthe à la Seyne-sur-Mer, dans le Var. Le maire avait alors imposé un couvre-feu provisoire dans sa commune pour les mineurs. Une décision qui imitait celle du maire de Colombes, dans les Hauts-de-Seine. En juillet dernier, l'élu avait décrété par arrêté municipal un couvre-feu pour les mineurs, pendant les vacances scolaires et le week-end, de 22 heures à 6 heures du matin. Cet arrêté, dénoncé par la justice, répondait aux règlements de comptes réguliers dans certains quartiers de la ville.

Postes-clé du trafic de drogue

Mardi matin, Stéphane Peu, le maire de Saint-Denis, a dénombré pas moins de 60 fusillades depuis le début de l'année dans son département, la Seine-Saint-Denis. Ce constat n'est pas sans rappeler celui de Marseille, où un jeune homme de 17 ans a été tué le 14 janvier dernier dans un règlement de comptes. "C'est notre quotidien, déplore un policier de Seine-Saint-Denis. Tous les postes-clés du trafic de stupéfiants sont occupés par des mineurs afin de profiter de l'excuse de minorité."

"Mes collègues, au quotidien, ils luttent contre le trafic de stupéfiants. Et ils le font très bien. J’ai des quantités énormes de saisies. Mais si on en met pas hors d'état de nuire les individus, même des très jeunes individus, on a effectivement un problème", abonde Grégory Goupil, du syndicat policier Alliance 93.

Pas d'évolution de la délinquance juvénile

La justice des mineurs est en effet régie par l'ordonnance de février 1945, qui met l'accent sur les mesures éducatives à chaque fois que les circonstances le permettent. Si, en dessous de 13 ans, les enfants condamnés ne peuvent aller en prison, à partir de cet âge, rien ne l'empêche, dans la limite de la moitié de la peine qui pourrait être infligée à un adulte. "A partir de 16 ans, l'excuse de minorité peut être écartée", rappelle Me Stéphane Babonneau, avocat spécialisé dans la justice des mineurs. "La seule limite est celle de le réclusion criminelle à perpétuité. La peine maximale est alors de 30 ans dans les affaires les plus graves."

Et d'ajouter: "Je n'ai pas le sentiment qu'il y a un manque de moyens pour sanctionner les mineurs. Le but de la sanction éducative est de permettre à un mineur d'avoir sa chance mais aussi la société. Quand les magistrats n'ont pas le choix, ils n'hésitent pas à envoyer les mineurs en prison."

Selon de récentes recherches, la délinquance des mineurs n'est pas nouvelle. "La part des mineurs dans l’ensemble (des affaires, NDLR) est seulement passée d’environ 14% du milieu des années 1970 jusqu’en 1994 à environ 19% en 2010", rapporte une étude menée par Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche au CNRS. 

Justine Chevalier