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Police-Justice

Anesthésiste de Besançon: le parquet se pourvoit en cassation pour contester la liberté du Dr Péchier

Le parquet soupçonne une connivence entre l'avocat de la défense et le président de la chambre de l'instruction qui a pris part dans la décision d'accorder la liberté au Dr Péchier. Un pourvoi en cassation a été formé pour contester cette décision. Un point positif pour la partie civile qui dénonce une "relation malsaine".

Les soupçons de collusion entre l’avocat du Dr Péchier et le président de la chambre de l’instruction subsistent. Et fragilisent la liberté sous contrôle judiciaire de l’anesthésiste bisontin, mis en examen pour l’empoisonnement de 24 patients. Jusqu’ici, une juge des libertés et de la détention, en première instance, et la chambre de l’instruction de Besançon, en appel, se sont tour à tour prononcé en faveur de sa liberté, dans l’attente d’un éventuel procès. Mais le doute plane sur l'impartialité du président de la chambre de l’instruction, Gilles Raguin, qui a participé à la prise de décision.

Un suspect qui "fanfaronne"

En effet, mi-juin, Le Point a révélé des conversations téléphoniques faisant état d’une éventuelle collusion entre ce juge et l’avocat du Dr Péchier, Randall Schwerdorffer. Le parquet général s’est donc saisi de ce litige et a déposé un pourvoi en cassation afin de contester la décision rendue par la chambre de l’instruction. Selon une source proche du dossier, le parquet général soulève sept extraits de ces échanges téléphoniques datant de 2017, enregistrés et écoutés par les services de police, qui alimentent les soupçons de connivence. Il vise notamment un déjeuner entre Me Randall Schwerdorffer et Gilles Ranguin, à Lyon.

"Qu’ils déjeunent ensemble, ce n’est pas un problème. Le problème c’est que Randall Schwerdorffer appelle son client après et que cette relation est découverte parce que le Dr Péchier la met en avant et fanfaronne", commente cette même source.

Dans son pourvoi, le parquet général rappelle que "le droit de pouvoir recourir à des juges impartiaux suppose qu'aucun soupçon n'entache l'apparence d'impartialité de la juridiction, quand bien même cette suspicion serait infondée". Or ces conversations téléphoniques "sont de nature à faire naître un doute sur l'impartialité du magistrat concerné, de sorte que les conditions d'une impartialité apparente de la justice ne sont plus réunies", ajoute le parquet dans ce document auquel l’Est républicain a eu accès.

"Relation malsaine"

Ce pourvoi - qui pourrait remettre sur la table la question d'un placement en détention provisoire du Dr Péchier - est accueilli favorablement par Me Frédéric Berna, avocat des parties civiles. Ce dernier dénonce un "détournement de la procédure" au vu des écoutes téléphoniques.

Avec ce pourvoi, le parquet général fait valoir qu’il existe "une relation très malsaine. Cela reste dans la droite ligne de la méthode Péchier, c’est-à-dire que tous les moyens les plus vils peuvent être utilisés. C’est de nature à altérer la confiance que les victimes ont dans la justice même si elles ont toujours confiance dans le travail des enquêteurs, des juges et du parquet de Besançon", commente-t-il auprès de BFMTV.

De son côté, le juge mis en cause - et désormais à la retraite - s'indigne. Dans les colonne de l'Est républicain, il reproche à "certains" de "salir" sa réputation en mettant en cause son "intégrité". 

Ambre Lepoivre et Justine Chevalier