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Police-Justice

Amiens : une enquête pour comprendre

Amiens, quartiers nord

Amiens, quartiers nord - -

100 policiers ont été envoyés en renfort dans les quartiers d'Amiens-Nord mardi soir alors que le calme semblait revenu. Un dispositif exceptionnel après les émeutes de la nuit de lundi à mardi où 16 policiers ont été blessés, et qui ont fait des millions d'euros de dégâts.

Deux compagnies de CRS et une trentaine de policiers supplémentaires sont venus en renfort des départements voisins mardi soir à Amiens. Au total, 250 hommes étaient présents sur place pour éviter une deuxième nuit de violences. Dans la nuit de lundi à mardi, des bâtiments publics, dont une école maternelle, des poubelles et des voitures ont été incendiés. Selon le maire d'Amiens, les dégâts vont se chiffrer en « millions d'euros ».
16 policiers ont également été blessés par des tirs de chevrotine et des jets de projectiles, lors d'affrontements avec des bandes. Comment expliquer le déclenchement de ces violences ? Pour la famille du jeune homme décédé la semaine dernière dans un accident de scooter, qui lui rendait hommage dimanche, les contrôles opérés par les forces de l'ordre pendant la cérémonie seraient à l’origine des émeutes.

« Il m’a dit de ne pas parler parce que ça allait dégénérer »

Fouad Hadji est le père de ce jeune homme mort dans un accident de scooter. Dimanche, une cérémonie avait lieu dans ce quartier. Tout est parti d’un contrôle qui selon lui aurait mal tourné : « Dimanche, nous faisions le deuil de notre fils mort d’un accident. Il y a une voiture de la Brigade anti-criminalité (BAC) qui est passée. Ils se sont arrêtés. Je suis allé les voir pour leur dire que nous étions en deuil. Ils m’ont alors dit que le contrôle était terminé. C’est alors qu’une autre voiture est passée: des renforts de la BAC. Mon beau-frère m’a dit de ne pas parler avec eux, que ça allait dégénérer. Je suis parti mais ils ont sauté sur mon beau-frère pour le prendre. Des jeunes sont arrivés directement pour le défendre et en moins de 10 minutes, des camions de CRS étaient sur place et les coups de flash-ball ont débuté ».

« On était en deuil, on est venu nous gazer »

Fatima et Sabrina sont respectivement la mère et la sœur du jeune homme mort la semaine dernière dans un accident de scooter. Elles ont été reçues mardi par Manuel Valls : « Le ministre a dit qu’il allait sanctionner, qu’il y aurait une enquête, mais nous on connaît l’aboutissement. Il a dit que l’intolérable c’était les policiers blessés. Mais la veille, avant que les policiers soient blessés, on a eu plusieurs jeunes blessés. On était en deuil, on est venu nous gazer, nous tirer au flash-ball dessus. On avait beau crier qu’il y avait des femmes et des enfants, il y a eu un manque de respect total. C’était de la provocation. On vote, on paye des impôts comme tout le monde. Trop souvent dans les quartiers d'Amiens-Nord, nous avons été considérés comme des animaux, trop souvent nous avons été gazés. Il faut que ça cesse ».

La Rédaction avec Lionel Top