BFMTV
Police-Justice

Al Qaïda tel qu'on l'a connu a disparu, estime le juge Trévidic

BFMTV
PARIS (Reuters) - La mort d'Oussama ben Laden marque la fin de l'organisation Al Qaïda telle qu'on l'a connue jusqu'ici car il était le seul à...

PARIS (Reuters) - La mort d'Oussama ben Laden marque la fin de l'organisation Al Qaïda telle qu'on l'a connue jusqu'ici car il était le seul à fédérer les islamistes du monde entier, estime le juge antiterroriste français Marc Trévidic.

Oussama ben Laden était apparu dès les années 1990 dans les instructions conduites par la justice antiterroriste française, notamment pour le recrutement de jeunes Français et leur envoi en Afghanistan via Londres, mais aussi dans des attentats comme celui ayant visé la synagogue de Djerba en Tunisie en 2002.

"Tout le monde sait bien que (la mort de ben Laden) ne va pas mettre fin au problème, ça va tout de même avoir un impact sur la capacité d'Al Qaïda de renaître un jour comme vrai état-major de commandement en zone pakistano-afghane", a dit aux agences de presse le juge Trévidic.

"Oussama ben Laden, malgré tout ce qu'on a pu dire, avait vraiment un leadership idéologique, était le seul à pouvoir fédérer des groupes très disparates dans le monde, très différents les uns des autres", a-t-il estimé.

"Je ne crois pas qu'il y ait d'autre leader qui soit capable d'être admis, accepté par des islamistes d'Asie, d'Afrique, d'Europe. De ce point de vue-là, quelque chose de mondial a disparu dans le djihad international", a-t-il ajouté.

A ses yeux, l'islamisme international perd une "capacité d'impulsion" mais pas son potentiel violent, et les groupes affiliés à Al Qaïda vont peut-être se recentrer sur les luttes plus locales.

"Chacun va faire peut-être un peu plus ce qu'il veut faire, s'en prendre à des cibles différentes il n'y aura pas quelqu'un qui dira 'voilà le méchant, celui qu'il faut abattre en priorité'".

"On voyait déjà un Al Qaïda en mauvais (état), c'est un peu la disparition d'Al Qaïda comme on l'a connu. C'est ben Laden qui donnait les franchises, personne n'est capable de donner cette appellation d'origine contrôlée", estime le juge.

Il avait notamment donné cette franchise à un groupe d'Afrique du nord, devenu "Al Qaïda au Maghreb islamique" (Aqmi), qui a revendiqué notamment l'enlèvement de Français au Niger et plusieurs assassinats d'otages.

Oussama ben Laden avait pour la première fois visé personnellement la France dans un message audio à la fin de l'année dernière. Il critiquait l'engagement français en Afghanistan et la loi interdisant le port de la burqa.

Le juge Trévidic dit penser que des représailles sont possibles. "Des réactions isolées, un kamikaze, c'est possible, personne n'est capable de le prévoir", dit-il.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse