BFMTV
Police-Justice

Agression dans une clinique marseillaise

-

- - -

Ce samedi, une anesthésiste et une infirmière de la clinique Bouchard à Marseille ont été agressées par les enfants d’un patient. Ceux-ci leur reprochaient la qualité des soins prodigués à leur père. Le personnel de l’établissement est sous le choc.

Une anesthésiste et une infirmière de la clinique Bouchard à Marseille ont été violemment agressées samedi dernier. L’anesthésiste avait seulement rappelé le règlement intérieur à deux visiteurs. Samedi dernier, à la mi-journée trois personnes sont au chevet d’un patient, alors que le nombre de visiteurs est limité à deux. Mécontents de la qualité des soins prodigués à leur père, les deux enfants du patient – une femme de 21 ans et un adolescent de 14 ans – se jettent sur la médecin et la frappent violemment au visage. Le nez en sang, l'arcade sourcilière ouverte, la victime perd brièvement connaissance et tombe au sol. Dans une mare de sang, elle reçoit encore des coups de pieds du fils du patient, âgé seulement de 14 ans. Une infirmière tente bien de s'interposer, mais elle aussi se fait frapper. C'est finalement l'arrivée d'un kinésithérapeute qui mettra fin au pugilat. Les deux victimes, très choquées, sont en arrêt de travail.

« C’était soudain, inattendu, gratuit »

A la clinique Bouchard, le personnel est sous le choc. « L’émotion est très importante au sein de l’établissement et du service, raconte un collègue des victimes, qui a souhaité rester anonyme. On a des gens qui pleurent, des infirmières qui sont très choquées. C’était soudain, inattendu, gratuit. (…). On est confronté à de l’agressivité, ce n’est pas quelque chose d’anodin mais ça n’a jamais atteint ce degré de violence. »

« Il y a de plus en plus de passages à l'acte »

Et le personnel soignant est de plus en plus confronté à la violence de certains patients. « La violence envers les professionnels soignants a augmenté ces dernières années en nombre et en gravité, explique Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat national des professionnels infirmiers (CFE-CGC), il y a dix ans il y avait essentiellement des insultes, là, il y a de plus en plus de passages à l’acte. Il y a eu un changement de comportement dans la société en général, et qu’on retrouve à l’hôpital : les gens réagissent de plus en plus en clients et non pas en patients. Dans un service d’urgence on prend les personnes en fonction de leur état et ceux qui paraissent moins graves vont devoir attendre plus longtemps. Et ça, ce n’est plus dans la "logique client" que peuvent avoir les gens aujourd’hui. »

« Elle lui a dit qu'elle allait la faire passer par la fenêtre »

Un comportement qu’a déjà constaté Amissa, infirmière dans un hôpital de la région parisienne : « Quand les familles viennent nous voir et qu’on leur explique qu’on a d’autres patients et qu’on gère les soins par ordre de priorité, ils ne comprennent pas, relate-t-elle. Pour eux, la priorité c’est le membre de leur famille et rien d’autre. Là, ça peut engendrer des conflits. Une de mes amies a eu un problème avec la famille d’une patiente qui ne voulait pas qu’elle s’occupe de leur mère. Elle a été prise à partie par la fille de la patiente qui lui a dit qu’elle allait la faire passer par la fenêtre. Le ton a commencé à monter, elles ont commencé à se rapprocher l’une de l’autre et les cadres ont du intervenir pour éviter que la situation ne dégénère. »
Les deux victimes de la clinique Bouchard ont porté plainte. Les deux auteurs présumés, eux, comparaîtront en décembre devant le tribunal.

La Rédaction, avec Jean-Jacques Héry