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Police-Justice

Affaire Mohamed : les enquêteurs doutent de la « mère adoptive »

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Les tests ADN ont prouvé que la maman du petit Mohamed, retrouvé seul à Marseille cet été, n’était pas sa mère biologique. Une révélation qui pousse la police à vérifier tous ses dires.

La femme qui s'était présentée comme la mère du petit Mohamed retrouvé seul en août dans une cité de Marseille a été mise en examen mercredi pour « simulation d'enfant ». Ce sont des expertises ADN qui ont révélé qu'elle n'était pas la mère biologique du petit Mohamed. Placée en garde à vue une première fois à son retour d'Algérie le 19 août dernier, la soi-disant mère du petit Mohamed, deux ans et demi, l'a été de nouveau à l'issue des expertises ADN.

Personne n'avait réclamé Mohamed pendant deux semaines

Mohamed avait été trouvé seul le 5 août sur une esplanade de la cité de Fonscolombes, dans le 3ème arrondissement de Marseille. Personne ne l'avait réclamé pendant près de deux semaines. Celle qui jusqu'alors était considérée comme la mère avait expliqué, à son retour d'Algérie, l'avoir confié à une amie en situation irrégulière ayant ensuite perdu l'enfant sans oser déclarer sa disparition à la police. Une nounou aujourd'hui toujours recherchée par la police.

Les enquêteurs doutent de la version de la "mère"

Jacques Dallest, le procureur de la République de Marseille, a accepté de répondre aux questions d'RMC. Il a ainsi détaillé les explications de la soi-disant mère de Mohamed devant les policiers : « Elle a toujours avancé, expliqué et assuré que c'était bien son fils légitime, et aujourd'hui elle nous explique que, certes l'enfant n'est pas un enfant biologique, mais c'est un enfant qu'elle aurait adopté. L'enfant était issu d'une fille-mère en Algérie et elle aurait rempli des formalités, nous dit-elle, pour adopter cet enfant. En tout cas, une fois revenue sur le territoire français, il a été présenté comme un de ses enfants « normaux ». Ce qui peut avoir une conséquence très sérieuse : elle risque plusieurs années d'emprisonnement. Le fait de faire croire qu'on a un enfant alors qu'il n'est pas le sien constitue le délit de "supposition d'enfant", de "simulation d'enfant". C'est l'intitulé du Code Pénal français ».

Les difficultés d'enquête en Algérie

Les changements de version de la mère poussent les enquêteurs à douter de ses déclarations : ils vont d'ailleurs procéder à des tests ADN sur ses autres enfants. Le procureur explique que désormais, la difficulté « est de déterminer la réalité de ses explications, et tout ça se passe en Algérie. Donc le juge d'instruction aura notamment pour mission de vérifier en Algérie l'origine de l'enfant, le lieu de naissance, etc... Pour vérifier s'il est bien ce que nous dit la mère. Toute investigation à l'étranger est toujours aléatoire, tout dépend de la possibilité de retrouver les personnes recherchées, d'aller mener une enquête dans un service d'état civil. Tout ça est en plus soumis à la bonne volonté des autorités locales, sans certitude de résultats ».

Ce fait nouveau n'aurait pas d'incidence sur l'affaire de la nounou. La mère « adoptive » de Mohamed a tout de même été mise en examen pour « aide au séjour irrégulier », ce chef d'accusation concernant la nounou.

La rédaction et Lionel Dian