Affaire Jubillar: ce qu'a dit Cédric aux juges d'instruction lors de sa dernière audition

L'époux de Delphine Jubillar, en détention depuis juin 2021, a de nouveau clamé son innocence en février dernier devant les juges d'instruction.

Voilà neuf mois qu'il clame son innocence. Cédric Jubillar, toujours placé en détention provisoire à la suite de sa mise en examen pour meurtre aggravé, a de nouveau été interrogé le 11 février dernier par les juges d'instruction.

L'occasion pour ces derniers d'interroger l'époux de Delphine Jubillar sur les déclarations de son ancien codétenu à qui, selon ses dires, il aurait fait plusieurs confidences sur le sort de l'infirmière, portée disparue depuis décembre 2020.

"Il posait tout le temps la question de ce que j'avais fait du corps parce que pour lui, j'étais le coupable", a affirmé Cédric Jubillar face aux juges.

Des aveux faits à un codétenu qu'il conteste

Cédric Jubillar leur a reconnu qu'il a raconté pas mal de choses à son ancien codétenu sur l'affaire. "Je lui ai expliqué une fois en rigolant que j'avais mis le corps près de la ferme, ça oui", leur a-t-il expliqué, "après je lui ai détaillé des petits détails de l'enquête, au niveau de l'amant pressant. Plusieurs petits détails comme ça. Je vous confirme en avoir parlé à sept ou huit reprises, peut être même plus. Je lui en parlais parce qu'il me posait des questions".

Quels détails? "Les avancées de ce qui avait été trouvé chez moi, ou ce qui avait été trouvé dans le casier de mon épouse, des choses comme ça", leur a répondu Cédric Jubillar. "Ça me fait passer le temps", a-t-il développé.

Lors de ses auditions, l'ancien codétenu avait donné des détails sur le soir de la disparition de Delphine, détails qu'il avait affirmé avoir obtenus de Cédric. "Vous me demandez s'il invente, je vous réponds que oui, pour m'incriminer encore plus, pour avoir sa libération, vu que c'est ce qu'il s'est passé", a répondu Cédric Jubillar aux juges. Ces derniers lui demandent alors quel intérêt avait son ancien codétenu à venir en parler aux autorités à la suite de sa libération. Cédric explique n'en avoir "aucune idée".

"Je n'ai pas tué Delphine"

"Là aussi, il invente", a encore affirmé Cédric Jubillar, lorsque les enquêteurs rapportent que son ex-codétenu avait déclaré qu'il avait vrillé et s'être débarrassé du corps de Delphine. Mensonges encore, selon lui, quant à l'utilisation d'un hypothétique couteau ou de la voiture blanche pour transporter le corps de son épouse.

Vient la question sur le lieu où se trouverait le cadavre de l'infirmière. Cédric Jubillar a expliqué aux enquêteurs avoir plaisanté avec son ancien codétenu sur ce sujet. Ce dernier affirme qu'il l'aurait enterré le corps près d'une ferme située non loin du domicile familial et qui a brûlé après la disparition de Delphine.

"Je n'ai pas tué Delphine, du coup je ne comprends pas pourquoi il dit ça", a répondu Cédric Jubillar. On était en train de raconter des blagues, de dire des bêtises depuis au moins un quart d'heure."

"Quand on vous pose pour la 500ème fois la même question et que vous êtes innocent au bout d'un moment vous dites une connerie, et ça c'était ma connerie", a-t-il ajouté, leur expliquant qu'ils se sont faits manipuler par l'ex-détenu. .

"J'ai dit la connerie. Je suis innocent et je continuerai à clamer mon innocence", a-t-il encore martelé.

"J'en ai marre d'être la cible et j'aimerais que vous cherchiez ailleurs"

Cédric Jubillar leur également déclaré ne pas parler "en mal tant que ça de Delphine et je ne l'ai certainement pas traité de 'pute' ni de l'autre", et qu'il y avait "toujours un minimum de respect". "Je disais qu'elle faisait sa traînée sur les reseaux", a-t-il toutefois reconnu.

Sur les courriers adressés à Séverine, sa nouvelle compagne, Cédric Jubillar a avoué en avoir "marre d'être lu et sur lu par tout le monde. Je voulais lui envoyer des mots crus sur notre relation en dehors et que tout le monde puisse le lire. [...] C'était pour envoyer des mots crus à ma compagne et insulter les gendarmes par la même occasion".

Pourquoi insulter les gendarmes? "J'en ai marre d'être la cible et j'aimerais que vous cherchiez ailleurs", leur a-t-il répondu.

Les juges l'ont enfin interrogé sur les déclarations de Séverine lors de sa garde à vue quand elle dit qu'il ne cherchait pas vraiment Delphine et qu'il lui avait parlé de la ferme qui a brûlé. "J'ai répondu par l'absurdité", s'est défendu Cédric Jubillar. "Je l'ai dit à chaque fois qu'elle me posait la question je lui répondais ça [...] Vous me demandez pourquoi elle me posait si souvent la question, je vous réponds pour essayer de me cerner, peut-être parce qu'elle avait des doutes, j'en sais rien."

Mélanie Vecchio avec Hugues Garnier