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Police-Justice

Affaire Grégory: l'enquête relancée par un mystérieux message trouvé dans une église

Le message a été découvert par une professeure de catéchisme à l'église de Lépanges-sur-Vologne.

Le message a été découvert par une professeure de catéchisme à l'église de Lépanges-sur-Vologne. - Frédérik Florin - AFP

Un mot mystérieux retrouvé dans le registre d’une église il y a un mois et signé du nom de Murielle Bolle a relancé une partie des investigations dans l’affaire Grégory, révèle L’Est Républicain. Mais selon les informations de BFMTV, l'ADN de Murielle Bolle n'apparaît absolument pas sur la page du registre.

C’est une histoire dans l’histoire, qui vient confirmer le climat électrique qui règne dans la vallée de la Vologne. Selon des informations révélées ce mercredi par L’Est Républicain, et confirmées par BFMTV, les gendarmes ont enquêté fin mai sur un mystérieux mot écrit récemment et retrouvé dans un registre d’église. Ce mot accuse directement l’un des protagonistes de l’affaire du meurtre de Grégory Villemin: Bernard Laroche, cousin du père du petit garçon, qui avait été un temps soupçonné avant d’être abattu par ce dernier.

L’histoire commence il y a un mois, dans l’église de Lépanges-sur-Vologne, le village vosgien où habitaient le petit Grégory et ses parents lorsqu’il a été assassiné en 1984. L’Est Républicain raconte qu’une paroissienne, venue donner ce jour-là des cours de catéchisme, feuillette machinalement le registre à l’entrée du lieu saint. Un cahier dans lequel les fidèles peuvent écrire leurs pensées, leurs prières et leurs confessions. Soudain, quelques mots l’interpellent. Ils parlent du petit Grégory.

L’ancien maire prévient les gendarmes

Distraite par les enfants qui arrivent pour suivre le cours de catéchisme, la paroissienne referme le livre, mais décide d’en parler le lendemain à l’ancien maire du village, présent à l’époque des faits en 1984. Joint par BFMTV, l’ancien élu confirme avoir reçu un appel de la paroissienne. “Deux jours plus tard, je suis allé voir de quoi il s’agissait. J’ai feuilleté le registre de l’église, et je suis tombé effectivement sur un mot, tracé avec une belle écriture.

On pouvait lire: ”C’est bien Bernard L. qui a tué Grégory. J’étais avec lui. Murielle Bolle.” J’ai décidé de l’amener chez les gendarmes pour leur montrer.”

Bernard L., ce prénom et cette initiale sont sans équivoque: ils font référence à Bernard Laroche. Soupçonné de l’assassinat de l’enfant, il avait été été abattu devant sa maison par le père de Grégory, convaincu de sa culpabilité. Quant à Murielle Bolle, il s’agit de la belle-sœur de Bernard Laroche, placée en garde à vue ce mercredi matin par les gendarmes, plus de trente ans après les faits. A l’époque, ce sont ses aveux qui avaient conduits les enquêteurs sur la piste de Bernard Laroche.

Elle avait expliqué que, le jour du meurtre, elle était montée dans le véhicule de Bernard Laroche, et avait assisté à l’enlèvement de l’enfant… avant de se rétracter totalement, et de soutenir depuis qu’elle avait menti ce jour-là face aux gendarmes. Dans ce contexte, et avec ces multiples rebondissements, un tel mot dans l’église a mis la puce à l’oreille des enquêteurs.

L'ADN de Murielle Bolle ne correspond pas

La présidente de la chambre de l’instruction de Dijon a alors mandaté un laboratoire bordelais, spécialisé dans les dossiers criminels. Une première expertise a été réalisée sur la page du registre : six ADN ont été identifiés, a appris BFMTV de source proche de l'enquête. Une comparaison est alors effectuée avec l'ADN de Murielle Bolle, recueilli par la justice en 2009. Le résultat est positif, mais dans ses conclusions, le laboratoire reste très prudent : l’échantillon d’ADN de Murielle Bolle est très peu fourni. Il ne compte en effet qu’une dizaine de segments, explique une source proche de l’enquête à BFMTV. 

Les experts scientifiques demandent alors aux gendarmes de prélever de nouveau l’ADN de Murielle Bolle, en quantité plus importante, afin de compléter la première expertise. C’est ce qu’ils feront le 14 juin dernier, à son domicile vosgien. Lorsque la seconde expertise est menée, le laboratoire dispose alors d’une vingtaine de segments dans l’échantillon ADN de Murielle Bolle, contre une dizaine la première fois. Et cette fois-ci, le résultat est sans appel : l’ADN de Murielle Bolle ne figure pas sur le registre de l’église. Alors qui est l’auteur mystérieux du mot ? S’agit-il d’un canular ? Les investigations se poursuivent afin d’explorer entièrement cette piste. 
Alexandra Gonzalez, Cécile Ollivier et Sarah-Lou Cohen