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Police-Justice

Affaire Elise : « Je suis fatiguée, papa... »

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La petite Elise, 3 ans et demi, enlevée fin mars à Arles, a été retrouvée en Hongrie avec sa mère. Elle est rentrée en France avec son père. Témoignage.

Trois semaines et demie après son enlèvement à Arles (Bouches-du-Rhône), Elise doit regagner la France ce mardi 14 avril avec son père. La fillette franco-russe de 3 ans et demi été retrouvée dans la nuit de dimanche à lundi avec sa mère, à l'origine de son enlèvement, alors qu'elles tentaient de passer la frontière entre la Hongrie et l'Ukraine, en voiture. Le père, qui a immédiatement fait le voyage dans la nuit, a retrouvé sa fille lundi après-midi dans le foyer de Budapest où elle avait été placée. Ils ont passé la nuit dans un endroit tenu secret avant de rentrer en France, la Hongrie ayant reconnu les accords de Schengen sur la libre circulation des ressortissants européens.

« Elle m'a fait un bisou pour me soigner »

Soulagé et ému, Jean-Michel André, le père d'Elise, décrit les premiers moments passés avec sa fille après plus de 3 semaines de séparation : « Elle récupère vraiment vite. Elle m'a reconnu tout de suite d'ailleurs et puis elle m'a montré les fleurs. Elle était dans les bras d'un Hongrois extrêmement gentil ; manifestement elle a été très bien traitée dans ce foyer. On a passé une heure ensemble, à bavarder. Elle m'a fait un bisou sur l'œil pour me soigner [ndlr, lors de l'enlèvement, il avait été frappé par les complices de la mère d'Elise]. Et petit à petit, elle s'est calmée ; son petit cœur d'oiseau bat moins vite que tout à l'heure, et puis elle raconte moins de choses dans tous les sens. »

« Est-ce que tu l'aimes ma maman ? »

Les premiers mots d'Elise à son père montrent que la petite fille, encore choquée, semble émerger doucement de ce petit cauchemar. Son père, toujours inquiet tant qu'il n'est pas retourné avec sa fille en France, revient sur l'état d'Elise : « Elle raconte ce qu'elle a vécu, elle pose des questions fondamentales : est-ce que tu l'aimes ma maman ? Moi, je lui dis : oui, je l'aime ta maman. Ce qu'elle ne comprend pas, c'est que de l'autre côté, elle n'entend pas la même chose. Alors elle a du mal à trouver l'explication. Et elle a raison, c'est pas comme ça qu'on fait avec des enfants. » La mère, Irina Belenkaya, est depuis en garde à vue en Hongrie. Poursuivie pour « complicité de soustraction de mineur par ascendant » et « violences aggravées », elle devrait être transférée à Aix-en-Provence dans les prochains jours.

Quelle issue pour ce casse-tête juridico-familial ?

Les deux parents, qui ont chacun obtenu la garde de leur fille dans leur pays respectif, se sont aussi mis hors la loi, en France pour la mère et en Russie pour le père. Un casse-tête juridique qu'il va falloir résoudre pour permettre à la fillette de retrouver une vie familiale équilibrée. La France indique de son côté qu'elle veut aboutir à une médiation familiale, dans l'intérêt de la petite fille, et en aucun cas prendre le parti du père. Ce dernier a d'ailleurs déjà annoncé son intention de retirer sa plainte contre son ex-femme, dans un esprit de conciliation. C'est désormais aux justices des deux pays de calmer le jeu, explique Maître Victor Gioia, l'avocat du père, quitte peut-être à renoncer aux poursuites engagées contre les deux parents : « il est prêt à retirer sa plainte, par amour pour sa fille. Il ne veut pas priver l'enfant de sa mère. Pour faire une médiation, il faut être deux. Jusqu'à présent, elle avait l'avantage et était en capacité de refuser cette médiation. Aujourd'hui, c'est quand même assez désastreux de parler d'"avantage" quand on parle d'un enfant, mais il a récupéré l'avantage puisqu'il a récupéré sa fille. Et lui ouvre la porte à une médiation et je ne peux pas imaginer un seul instant qu'en qualité de mère, elle refuse cette main qui lui est tendue. »

La rédaction, avec Lionel Dian et Aurélia Manoli