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Police-Justice

Affaire Bettencourt : Médiapart s'explique

Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme couvrent l'affaire Woerth-Bettencourt pour Mediapart.

Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme couvrent l'affaire Woerth-Bettencourt pour Mediapart. - -

Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi couvrent l’affaire Woerth-Bettencourt pour "Médiapart". Invités de "Bourdin Direct" ce vendredi matin, ils ont notamment évoqué les dernières révélations à paraître dans "Marianne" ce samedi.

Invités de Bourdin Direct ce vendredi matin, Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, les deux journalistes de Médiapart qui couvrent l'affaire Woerth-Bettencourt, ont notamment évoqué, en avant-première, une des révélations à paraître ce samedi dans Marianne.

100 000 euros retirés et non consignés dans les carnets

L’hebdomadaire affirme qu’un retrait en espèces de 100 000 euros a été effectué en décembre 2006, soit 4 mois avant l’élection présidentielle, au guichet de la banque Dexia. Il n’a pas été consigné dans les carnets de Claire Thibout, l’ancienne comptable de la milliardaire. Pour Fabrice Arfi, « cette information montre une fois de plus qu’il y avait beaucoup d’argent en espèces qui circulait dans le couple Bettencourt. Ce qui interroge, c’est que dans les fameux carnets de caisse de l’ex-comptable, quand il y avait des retraits en espèces qui étaient justifiés par des dépenses courantes, pour le coiffeur, le piscinier, l’entretien de l’île d’Arros, tout cela était noté et consigné de manière très précise. Et puis, il y a un certain nombre de dépenses courantes qui sont injustifiées. Peut-être parce qu’elles sont injustifiables. C’est ce qu'a sous-entendu la comptable quand elle nous a parlé et c’est ce qu’elle a dit aux policiers. »

« Le seul objectif était de sortir Sarkozy de cette affaire »

Fabrice Arfi est revenu ensuite sur le harcèlement dont l’ex-comptable a été l’objet après ses déclarations fracassantes publiées sur leur site d’information : « Après ses déclarations à Médiapart concernant les enveloppes en liquide, notamment à destination de Nicolas Sarkozy, Claire Thibout a été la proie d’un harcèlement judiciaire d’une rare ampleur. Les policiers sont allés l’entendre sur son lieu de villégiature, à côté d’Avignon. Devant la résidence où elle logeait, il y avait trois voitures de police et deux fourgons de gendarmes en permanence qui guettaient ses moindres faits et gestes. Il y a eu une espèce d’emballement policier et judiciaire pour la réentendre nuitamment. Elle avait déjà subi une demi-douzaine d’auditions dont des gardes à vue. On voit très bien comment son procès verbal est construit. On a l’impression qu’il y a une nécessité à exfiltrer Nicolas Sarkozy de l’affaire. »
Et d’insister : « La question n’est pas de savoir si elle nous a dit ou si elle ne nous a pas dit telle ou telle chose. Médiapart n’est pas assez fou pour romancer les témoignages de quelqu’un qui met en cause le Président de la République. Si c’est le cas, dès que l’on publie, la personne va démentir. Claire Thibout n’a pas démenti quand c’est sorti dans Médiapart. Son avocat, Antoine Gillot, qui était à votre micro, a confirmé le matin-même. Mais il y a eu une pression et un harcèlement judiciaire tels, que manifestement, le seul objectif était de sortir Nicolas Sarkozy de cette affaire. »

« On fait notre métier. On a des infos, on les sort »

Enfin, les deux journalistes ont raconté la manière dont ont été reçues les accusations de Xavier Bertrand au sein de la rédaction de Médiapart. Pour rappel, le secrétaire général de l’UMP avait évoqué des « méthodes fascistes ».
Manifestement, Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi s’en amusent : « On est trotskistes, on est fascistes, on est manipulés par la gauche, par Arnaud Montebourg et par Dominique de Villepin... Ça fait beaucoup ! A chaque scandale qui sort, on accuse toujours les journalistes d’être manipulés par le camp que les révélations avantagent. Nous, on s’en fiche totalement. On fait notre métier. On a des infos, on les sort, quelles que soient les personnes mises en cause, quel que soit le pouvoir. En revanche, quand on nous traite de "fascistes", c’est grave. Il y a des mots qu’on ne peut pas employer d’une manière neutre… Donc Médiapart a déposé plainte contre Xavier Bertrand. Et à la lecture du Point ce matin, on apprend qu’à l’Elysée, lors d’une réunion qui rassemblait Claude Guéant, Christian Estrosi, Franc Louvrier [conseiller de communication de N. Sarkozy], et Nadine Morano, l’un des participants avait dit : "dans la riposte, il faut que l’on dise qu’Edwy Plenel [fondateur du site Mediapart], c’est Goebbles". Voilà où l’on en est. On ne peut pas accepter ça. »

Concernant les attaques dont ils font l’objet, Fabrice Lhomme a également tenu à insister sur un point : « Je dirais une chose quand même puisque tout l’exécutif s’est mobilisé contre nous pour nous traiter de fascistes… Parmi ces gens qui nous attaquent violemment, il y a le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux. Et de mémoire, je ne sais pas si c’est arrivé souvent sous la Ve République, qu’on ait un ministre de l’Intérieur condamné pour injure raciale... »

Pour écouter le podcast intégral de l’interview de Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, cliquez ici.

bourdinandco