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Police-Justice

Affaire Bettencourt : enfin un juge !

Isabelle Prevost-Déprez, magistrate indépendante, peut reprendre ses investigations dans l'affaire Bettencourt. Le procureur Courroye avait fait appel pour l'en empêcher. Sa demande a été rejetée.

Isabelle Prevost-Déprez, magistrate indépendante, peut reprendre ses investigations dans l'affaire Bettencourt. Le procureur Courroye avait fait appel pour l'en empêcher. Sa demande a été rejetée. - -

Une seconde enquête démarre au tribunal de Nanterre sur la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, sous la direction, cette fois, d'une magistrate indépendante.

Une seconde enquête va démarrer au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, sous la direction cette fois d'une magistrate indépendante.
Isabelle Prévost-Deprez peut reprendre ses investigations
La cour d'appel de Versailles a en effet rejeté mardi matin l'appel en urgence du procureur de Nanterre Philippe Courroye contre le supplément d'information ordonné le 1er juillet par le tribunal correctionnel dans le procès visant les dons de la milliardaire au photographe François-Marie Banier. Cette décision débloque donc en principe la mise en oeuvre des investigations, que la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, s'était confiées à elle-même. Cette magistrate a écrit un livre intitulé "Une juge à abattre", tiré de sa rivalité avec Philippe Courroye, qu'elle accuse d'agir sous l'influence de l'Elysée. Isabelle Prévost-Desprez a désormais tout pouvoir pour enquêter sur l'éventuel abus de faiblesse de Liliane Bettencourt, 17e fortune mondiale avec 17 milliards d'euros. Elle pourra par exemple examiner les comptes bancaires de Liliane Bettencourt, mais ne pourra retenir que les faits relatifs à "l'abus de faiblesse" imputé à François-Marie Banier, 63 ans, qui a reçu un milliard d'euros de dons de Liliane Bettencourt entre 2002 et 2007. Trois enquêtes préliminaires en cours
Le procureur Philippe Courroye a pour l'instant ouvert trois enquêtes préliminaires. Le fait que ce magistrat dirige les investigations est contesté par le PS et les syndicats de magistrats en raison du lien organique entre parquet et pouvoir politique et du fait de ses liens d'amitié avec Nicolas Sarkozy. La première enquête préliminaire vise les enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt pour "violation de la vie privée", la seconde vise une allégation de financement en espèces de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et la troisième l'éventuelle fraude fiscale et les conflits d'intérêts présumés du couple Woerth.

"Ce n'est pas l'accusateur qui dit la vérité, qui dit la justice"

Maître Olivier Metzner, avocat de Françoise Meyers-Bettencourt, se réjouit de la poursuite des investigations par Isabelle Prévost-Desprez : « On peut se poser la question de savoir pourquoi le parquet ne veut pas que la vérité se fasse. S’il considère qu’il n’y a pas d’abus de faiblesse, ça n’empêche pas le tribunal d’en décider. C’est une bonne nouvelle pour la justice de montrer son indépendance. Ce n’est pas l’accusateur qui dit la vérité, qui dit la justice »

"En termes d'efficacité de l'enquête, c'est toujours mieux d'être le premier à intervenir"

Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM),
salue lui aussi le fait qu'un juge indépendant récupère ce supplément d'information, mais il reste circonspect sur un point : « Le procureur a déjà fait beaucoup d’actes sous le contrôle simple et unique de lui-même. Il va falloir probablement qu’elle fasse d’autres actes. En termes d’efficacité de l’enquête, c’est toujours mieux d’être le premier à intervenir, le premier à poser les questions et le premier à faire des perquisitions. C’est le procureur qui les a faites. »

bourdinandco, avec Aurélia Manoli-Rédaction RMC