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Police-Justice

Absent à son procès, Yvan Colonna dépose plainte

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Yvan Colonna a déposé plainte à Paris contre les 3 juges ayant instruit l'enquête sur l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998.

Me Gilles Simeoni, l'un des avocats d'Yvan Colonna a fait savoir que son client déposait plainte contre les juges d'instruction Jean-Louis Bruguière, Laurence le Vert et Gilbert Thiel pour "destruction, soustraction, recel ou altération d'un document public ou privé de nature à faciliter la découverte d'un crime ou d'un délit, la recherche des preuves ou la condamnation des coupables".
Le berger corse, jugé en appel depuis un mois et demi aux assises de Paris, refuse de comparaître depuis la semaine dernière car il met en cause l'impartialité de la cour. Ses avocats ont aussi quitté l'audience, qui se poursuit cependant.
C'est à la veille de l'audition des juges Le Vert et Thiel comme témoins à ce procès que la plainte a été déposée. Victime d'ennuis de santé, Jean-Louis Bruguière ne viendra pas déposer.

Des écoutes cachées ?

Yvan Colonna met en cause le fait que ne figurent pas au dossier d'instruction des écoutes téléphoniques pratiquées fin 1998 et début 1999 sur son ami Alain Ferrandi, aujourd'hui condamné à perpétuité pour sa participation au crime. Me Simeoni estime aussi qu'ont été cachées d'autres écoutes qui auraient été pratiquées par les Renseignements généraux. Il s'agit pour la défense de démontrer que l'enquête policière a été malhonnête. "Il y a eu une volonté systématique de dissimuler, taire ou faire disparaître tous les éléments à décharge concernant Yvan Colonna. Par ailleurs, la thèse de l'accusation selon laquelle le nom de Colonna est apparu en mai 1999 est manifestement un mensonge", a-t-il dit. L'existence de ces écoutes téléphoniques, transmises à la cour la semaine dernière, est connue notamment depuis les commissions d'enquête parlementaires sur l'affaire en 2000.
Militant nationaliste, Alain Ferrandi a été mis sous surveillance dès 1998, comme des dizaines d'autres personnes, dans une procédure parallèle à celle visant l'affaire Erignac. Ferrandi se savait surveillé par plusieurs services et se montrait donc très prudent dans ses conversations téléphoniques. Rien n'apparaît donc concernant le crime dans ses conversations avec Yvan Colonna.

Pas de preuves, mais des indices...

Le parquet général ne souhaite pas faire de commentaires sur la plainte, a déclaré son porte-parole Didier Allard. L'accusation s'appuie sur les mises en cause d'Yvan Colonna en 1999 par les six membres avérés du groupe de tueurs et leurs compagnes, maintenues pendant près de deux ans puis rétractées de manière jugée peu crédible par le parquet. Le dossier est dépourvu de preuves matérielles formelles contre Yvan Colonna mais recèle selon le parquet d'autres indices.
Le jour des premières arrestations en mai 1999, le berger, qui selon ses dires était étranger à l'affaire, a vidé son compte bancaire avant de fuir. Il a alors téléphoné cinq fois à Martin Ottavianni, membre du groupe de tueurs alors inconnu de la police, qui a reconnu ensuite sa participation. Yvan Colonna a été arrêté en 2003 en possession d'une grenade défensive et d'un chargeur.

La rédaction, avec REUTERS