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Police-Justice

Abdelkader Merah livre un monologue pour réclamer sa libération

Des policiers devant la maison d'Abdelkader Merah, le frère du tueur au scooter, le 26 septembre 2012.

Des policiers devant la maison d'Abdelkader Merah, le frère du tueur au scooter, le 26 septembre 2012. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le frère de Mohamed Merah, auteur des sept assassinats de Toulouse et Montauban, a livré un long monologue devant la cour d'appel de Paris qui examinait sa demande de libération conditionnelle.

Abdelkader Merah joue le tout pour le tout. Le frère de l'auteur des sept assassinats de Toulouse et Montauban, a livré vendredi, selon des participants, un long monologue devant la cour d'appel de Paris qui examinait sa demande de libération conditionnelle. La chambre d'instruction doit rendre son arrêt mardi à 14 heures.

Cheveux mi-longs ramenés en arrière dans un catogan, barbe taillée à la manière salafiste, vêtu d'un maillot de football, celui qui est à l'isolement depuis son arrestation il y a plus de deux ans, a écouté lors d'une audience à huis clos la plaidoirie de son avocate, celles des parties civiles, et l'avocat général, hostile à toute libération conditionnelle.

Puis, Abdelkader Merah, mis en examen pour complicité d'assassinats, s'est levé pour prendre la parole en dernier, et a commencé par réciter une longue sourate du Coran, s'attirant les remontrances de la Cour, selon des avocats présents à l'audience.

Mohamed Merah "n'est pas un héros"

Il a ensuite entamé un monologue d'environ une heure, évoquant la "justice d'Allah", la seule qu'il reconnaît, selon des participants. Parfois confus, il s'en est pris à celle des hommes, cette "pseudo-justice" qui lui a refusé de se rendre "sur la tombe de (son) petit frère", ont poursuivi ces sources.

Il a réfuté toute participation aux crimes de Mohamed Merah qui n'est "pas un héros" à ses yeux. Quant à savoir si son frère est "un martyr", seul le Prophète peut le dire, a-t-il argumenté, selon les mêmes sources. Il a expliqué qu'il condamnait désormais les actes de son frère puisque des théologiens saoudiens venaient de le faire. 

Il a légitimé "le jihad avec des règles", sans les préciser, tout en semblant parfois prendre ses distances avec une action violente, ont encore rapporté des participants. Et de conclure que s'il était à la place de la cour, il n'accorderait pas de libération conditionnelle car elle relancerait la douleur des proches des victimes de Mohamed Merah, ont assuré plusieurs avocats des parties civiles.

Le risque de fuite

"Il nous a fait un prêche. S'ils n'ont pas la preuve de son endoctrinement après ça, je ne sais pas ce qu'il faut", a commenté une des avocates des proches des victimes, Me Samia Maktouf. A la sortie, tandis que leur client était reconduit en prison à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, les avocats d'Abdelkader Merah se sont refusé à tout commentaire.

Abdelkader Merah avait fait appel d'une ordonnance rendue le 13 mars par une juge des libertés et de la détention (JLD) qui le maintenait en prison, où il est depuis plus de deux ans. Pour s'opposer à la remise en liberté, la magistrate insistait sur le risque de trouble exceptionnel à l'ordre public qu'un élargissement serait susceptible d'entraîner.

Selon une source proche du dossier, elle relevait également dans son ordonnance le risque de fuite, notant que l'ampleur de la peine encourue pour complicité d'assassinats "pourrait l'inciter à se soustraire à la justice". La juge relevait qu'Abdelkader Merah avait des liens avec des personnes installées en Egypte et que son père vivait en Algérie.

L. B. avec AFP