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Police-Justice

Abdelghani Merah : "les salafistes ont récupéré la bombe prête à exploser"

Abdelghani Merah invité de Ruth Elkrief.

Abdelghani Merah invité de Ruth Elkrief. - -

Abdelghani Merah était l'invité de BFMTV lundi. Dans son livre "Mon frère ce terroriste" (ed. Calman-Lévy), qui paraît mercredi, il dénonce les dérives de sa famille et les crimes de son frère.

Après la plainte du parquet de Paris déclenchée par les propos de Souad Merah diffusés dimanche soir sur M6, l'aîné de la fratrie revient sur l'affaire Mohamed Merah

"Ce livre est une thérapie, je veux me dissocier de la famille Merah" a déclaré Abdelghani Merah qui ne veut plus être associé aux "crimes odieux" de son frère Mohamed. Sa famille n'a pas manqué du lui faire subir des pressions. "Ma mère voulait se lacérer, se suicider devant mon fils pour m'empêcher de parler", a déclaré Abdelghani.

Evoquant ensuite sa compagne qui "a des origines juives", le jeune homme a regretté que sa famille l'ait "toujours rejeté". "Quand ça l'arrangeait, il fallait la traiter de 'sale juive' et quand son côté français dérangeait, on disait 'sale française'", explique-t-il pour illustrer l'antisémitisme de sa famille.


"Arrêter de nier l'évidence"

Au sujet des propos de sa soeur Souad, Abdelghani a expliqué qu'il avait "voulu mettre un micro et piéger en quelque sorte ma sœur". C'était, explique-t-il "pour prouver mes propos" et "pour que ma famille arrête de nier l'évidence". Il explique aussi sa difficulté, au moins dans les premiers temps, à faire entendre son témoignage. "Au début, ils (ndr :les policiers) ont cru que j''étais là pour régler mes comptes avec ma famille." Le jeune homme explique qu'il se tient "à l'entière disposition de la justice".

Des complicités sur Toulouse

Abdelghani Merah explique ensuite que son frère a bénéficié d'une aide de la part d'un "groupe salafiste sur Toulouse". "Je sais que je l'ai accompagné (ndr, son frère Mohamed) sur trois quartiers pour récupérer des liasses d'argent (...), mais il n'a jamais voulu me donner d'explications" sur la provenance des sommes en question.

A propos d'un troisième homme complice des tueries de Toulouse, Abdelghani a déclaré "je sais qui c'est, mais après ce n'est pas de mon ressort". Ne voulant pas s'immiscer dans l'enquête, il réserve ses révélations à la police.

Une éducation baignée d'antisémitisme


"Ma mère a toujours dit que les arabes sont nés pour détester les juifs, c'est une phrase que j'ai entendu tout au long de mon enfance", explique Abdelghani pour dépeindre l'éducation reçue dès sa plus tendre enfance par ses frères, sa sœur et lui-même. "Mohamed a baigné dans tout ça, les salafistes n'ont fait que récupérer la bombe prête à exploser. Les salafistes ont été le détonateur", ajoute-t-il.

Revenant sur la personnalité d'Abderkader Merah, l'autre frère, Abdelghani explique que ce dernier a été "d'une grande influence sur Mohamed". "Il a pris exemple sur lui, il a voulu le dépasser", ajoute-t-il, qu'il s'agisse de domaines aussi variés que la pratique de la moto ou le salafisme.

Le rôle du père, qui a été "un grand trafiquant de drogue sur Toulouse" a aussi été déterminant. Son fils Abdelghani évoque cette anecdote dans laquelle juste après être sorti de prison, il déclare devant sa famille réunie : "La France a beaucoup de chance que je sois vieux, si j'avais eu 20 ans j'aurais recommencé et ils auraient eu du mal à m'attraper cette fois-ci."

Abdelghani a expliqué qu'il "avait rejeté en bloc" le racisme et l'antisémitisme d'une famille qui n'est aujourd'hui "plus la sienne". Il explique avoir quitté Toulouse et témoigne de la difficulté de porter le poids du nom de Merah. Un fardeau qui, explique-t-il, l'a convaincu de comme une "obligation" de sortir de son silence.