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Police-Justice

"A un moment, ça va péter": Jawad Bendaoud s'énerve lors de son procès

Jawad Bendaoud, le 21 novembre 2018.

Jawad Bendaoud, le 21 novembre 2018. - AFP

Depuis mercredi matin, Jawad Bendaoud est interrogé par la cour d'appel de Paris. Confronté à de nombreuses contradictions, le jeune homme de 32 ans s'est violemment énervé.

"Les gens, ils disent que c'est le comedy club, moi je fais pas la comédie." Après trois heures d'audition, le ton de Jawad Bendaoud n'avait en effet plus rien de comique. Interrogé depuis ce mercredi matin par la cour d'appel de Paris dans une ambiance bien plus apaisée que lors du procès en première instance, le jeune homme de 32 ans a finalement craqué. Confronté à des déclarations contradictoires ayant émergées du dossier, il s'est énervé, s'en prenant au président, aux journalistes et aux gendarmes.

"Vous me lancez des petites phrases, des petites piques, mais à un moment ça va péter", a menacé Jawad Bendaoud, martelant "je ne suis pas un menteur".

"Mettez moi 6 ans!"

Fini les déclarations assurées, Jawad Bendaoud crie et pleure après avoir été interrogé sur la journée où il a loué son appartement à des terroristes, la cour relevant des éléments troubles. "J'ai commencé (à consommer de la drogue) de 6h à 18h, il y a une fille enceinte de moi, ma femme qui me casse les couilles, des trucs illégaux, un enfant handicapé... Voilà pourquoi on dit pas tout. Ce qu'on dit ça peut être diffusé partout."

Frappant à deux reprises sur le pupitre devant lui, il explose: "Vous m’avez libéré comme un voleur de scooter. Je me débrouille tout seul. Ça fait des mois que je vis tout seul, rien du tout, pas de psychologue, même pas le RSA. Vous voyez ce que j’en fais de votre RSA", hurle-t-il tout en crachant par terre. 

"J'ai plus rien à perdre! Mettez moi 6 ans!, lance-t-il encore à l'attention de la cour d'appel. Vous croyez quoi que vous allez me faire peur?" Avant de se retourner et s'adressant aux gendarmes qui se sont approchés: "Vous voulez quoi, vous?"

Il faudra l'intervention de son avocat, Me Nogueras, pour calmer le prévenu qui a dû sortir de la salle alors que l'audience a été suspendue pendant une dizaine de minutes. Visage rouge, yeux bouffis par les larmes et voix chevrotante, Jawad Bendaoud s'est ensuite présenté à nouveau devant la cour. Les débats reprenant comme s'il ne s'était rien passé.

"Vous êtes contradictoire"

Quelques signes étaient apparus tout au long de l'interrogatoire, laissant présager cette explosion de colère. Loin des sorties fantasques des débats de février dernier, il est apparu plus calme, discipliné. Le président de la cour d'appel l'interroge sur ses années de prison, sur son quotidien dans la cité jusqu'à ce fameux 13-Novembre, puis les jours qui ont suivi et sa rencontre avec Hasna Aït Boulahcen, le cousin de celle-ci, Abdelhamid Abaaoud, et son complice Chakib Akrouh. "Vous êtes contradictoire", lui dit le président, précisant à un moment "vos versions changent".

Le procès en appel de Jawad Bendaoud, jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes", a débuté mercredi dernier. "Ca me rend fou que les gens pensent que je savais (qu'il logeait Abdehamid Abaaoud et Chakib Akrouh)", s'agace-t-il face à la cour. Car il l'a martelé: non, il ne savait pas qu'il a rencontré le 17 novembre au soir les terroristes du 13-Novembre. "Zéro presse, zéro journal, même pas internet, j'avais un téléphone Samsung à 20 euros", raconte-t-il pour expliquer qu'il n'était pas au courant que des terroristes étaient recherchés. 

Jawad Bendaoud reconnait qu'il s'est dit que les hommes qu'il logeait était "peut-être dans la voyoucratie mais pas chez al-Qaïda".
Justine Chevalier