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Police-Justice

93 jours de traque: comment les policiers ont mis la main sur Redoine Faïd

Redoine Faïd a été interpellé dans la nuit de mardi à mercredi.

Redoine Faïd a été interpellé dans la nuit de mardi à mercredi. - capture BFMTV

La cavale de Redoine Faïd a pris fin ce mercredi matin à Creil, dans l'Oise. Le braqueur multirécidiviste a été rattrapé trois mois après son évasion de la prison de Réau, en Seine-et-Marne. Depuis le 1er juillet, des centaines de policiers étaient à ses trousses.

Tout s'est accéléré ces derniers jours. L'arrestation de Redoine Faïd a été permise grâce à l'identification d'une personne servant de messager. Les enquêteurs ont continué à tirer ce fil et sont arrivés jusqu'à la planque du braqueur multirécidiviste à Creil, à quelques mètres de là où il a grandi. Cent vingt policiers ont été déployés dans la nuit de mardi à mercredi pour mettre la main sur le fugitif, a indiqué François Molins, le procureur de Paris, au cours d'une conférence de presse ce mercredi après-midi.

Placé en rétention judiciaire, le malfrat doit être présenté dans les heures à venir à un juge d'instruction. Outre le braqueur, son frère et un de leurs neveux a été interpellé dans l'appartement qui servait de planque. Un autre neveu a été arrêté à Villiers-Saint-Paul. Deux autres individus dans l’Oise. Retour sur les trois mois de traque de celui qui était passé du "roi de l'évasion" à "l'ennemi numéro 1".

> Les éléments laissés pendant l'évasion

Le 1er juillet dernier, deux hommes, prétextant des cours de pilotage, ont pris place dans un hélicoptère. Après un premier arrêt, où l'un des deux malfrats a menacé le pilote, l'appareil a redécollé pour se poser une deuxième fois "à un endroit marqué d'un drap rouge". Un troisième homme est alors monté à bord. Direction la prison de Réau, en Seine-et-Marne, pour permettre à Redoine Faïd de s'évader.

"Dans leur fuite, les malfaiteurs ont abandonné un sac contenant notamment des fumigènes, une bouteille en plastique contenant un composant très inflammable et un sachet avec un morceau de carton imbibé d’hydrocarbure", a détaillé le procureur de la République de Paris.

Le commando est reparti à bord de l'hélicoptère puis, une fois posé, à bord d'un véhicule noir Mégane RS, abandonné et incendié, et enfin à bord d'un Kangoo blanc siglé Enedis. Outre les véhicules, les enquêteurs ont pu s'appuyer sur des traces ADN découvertes sur des bouteilles en plastique et des pierres retrouvées là où le troisième malfaiteur était monté dans l'hélicoptère.

"Les investigations ont permis de démontrer que les malfaiteurs avaient utilisé depuis le début du mois de mai trois flottes de téléphones portables dédiés et activés dans la région de Creil", précise encore François Molins.

> La course-poursuite à Sarcelles

Le 24 juillet dernier, lors d'un banal contrôle routier, deux individus ont pris la fuite à bord d'un véhicule. Une course-poursuite s'est ensuite engagée avec des gendarmes. Course-poursuite qui a pris fin sur le parking d'un centre commercial à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Dans le coffre, six pains d'explosifs, 18 détonateurs en état de fonctionnement, deux détonateurs reliés à des mèches prêts à l’emploi, cinq litres d’essence, divers outils, et entre autres un kit de vie (produits d’hygiène, vêtements, deux duvets) ont été découverts. L'analyse des images de vidéosurveillance ont permis d'identifier les deux passagers: il s'agit de Redoine Faïd et de son frère Rachid.

"L’ensemble de ces éléments a conduit les enquêteurs à concentrer leurs investigations sur l’environnement direct et notamment sur l’environnement familial de Redoine Faïd", précise le procureur de Paris.

> Les investigations techniques pour remonter jusqu'à la logeuse

L'enquête s'est réellement accélérée ces derniers jours. Grâce à des investigations techniques menées par les policiers de la direction centrale de la police judiciaire, "les lignes de téléphone dédiées aux agissements de l’association de malfaiteurs et utilisées par les nombreux mis en cause" ont été détectées. "Une des lignes en possession d’un individu qui recevait des instructions visant à rechercher de l’argent a plus particulièrement attiré l’attention des enquêteurs", précise encore François Molins.

Rapidement, les enquêteurs ont identifié cet intermédiaire comme une femme habitant à Creil, rue des Carpeaux, et circulant à bord d'une Citroën C2. "Dans la nuit du 29 au 30 septembre 2018, les enquêteurs se sont rendu compte qu’elle prenait à bord de son véhicule une personne vêtue d’une burqa, dont l’allure laissait supposer qu’il pouvait s’agir d’un homme", précise le procureur. Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers ont vu cet homme pénétrer dans l'immeuble, suivi quelques heures plus tard d'un second individu. Redoine Faïd était cerné.

Justine Chevalier