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Police-Justice

60 000 euros d'amende pour l'incendie du bd Auriol

Une marche avait été organisée en mémoire des victimes de l'incendie du boulevard Vincent Auriol.

Une marche avait été organisée en mémoire des victimes de l'incendie du boulevard Vincent Auriol. - -

Une association et une société de construction ont été condamnées jeudi à des amendes de 30 000 euros chacune, pour un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, boulevard Auriol.

Une association et une société de construction ont été condamnées jeudi à Paris à des amendes de 30.000 euros chacune pour un incendie qui avait fait 17 morts dont 14 enfants en août 2005 dans un immeuble insalubre parisien, boulevard Vincent Auriol.

Le tribunal correctionnel de Paris a en outre imposé aux deux condamnés, l'association Freha qui gérait l'immeuble et la société Paris Banlieue Construction, à verser solidairement 444.000 euros à l'assurance-maladie ainsi que 1,6 million d'euros au Fonds de garantie des victimes et un total de près de 700.000 euros à plusieurs parents de victimes.

Les plaignants de ce dossier estimaient que les autorités, qui avaient promis avant la catastrophe aux futures victimes de régler la situation, ont été injustement épargnées et voyaient dans ce procès un symbole.

Alors que les loyers et les prix de la pierre ne cessent de grimper à Paris, la fondation Abbé Pierre estime dans son rapport 2011 qu'à côté des 133.000 sans-abri, la France compte environ 3,5 millions de personnes "très mal logées".

L'incendie, qui avait frappé un immeuble du XIIIe arrondissement, boulevard Vincent Auriol, occupé presque exclusivement par des familles immigrées d'origine africaine en situation régulière, est d'origine criminelle, a établi l'instruction. Le ou les auteurs n'ont jamais été identifiés.

Me Jean-Marc Florand, un des avocats des familles de victimes, estime que l'affaire pose un problème plus large qu'une responsabilité de deux personnes morales.

"J'ai toujours eu l'impression que ce dossier n'intéressait personne. Jamais l'état de l'immeuble ne permettait à des êtres humains d'habiter dedans. Or, on ne s'est jamais tellement préoccupé des responsabilités en la matière", avait-il dit lors du procès en septembre.

Il avait rappelé que l'immeuble n'était pas un "squat" mais un immeuble occupé par des travailleurs en situation régulière, payant leurs loyers et auxquels le préfet de région avait promis un relogement par un courrier officiel avant l'incendie.

L'immeuble avait des problèmes de fuites d'eau, de réseau électrique défaillant, était envahi par les rats et présentait des risque de saturnisme du fait de peintures au plomb, mais personne ne s'en est inquiété, a dit Me Florand.

"Il est clair que si on avait élevé des jeunes chiots dans cet immeuble, la SPA se serait constituée partie civile et elle aurait obtenu condamnation car l'immeuble était impropre à l'élevage des chiots", avait ajouté l'avocat.

Les deux prévenus du procès, l'association Freha et la société Paris Banlieue Construction, mise en cause pour des aménagements ayant selon l'accusation favorisé la propagation des flammes, pourraient faire appel puisqu'elles se disent boucs émissaires.

Cet incendie du boulevard Auriol avait précédé deux autres accidents similaires en 2005 dans des immeubles parisiens occupés aussi par des familles défavorisées qui firent respectivement 25 et sept morts, dont une quinzaine d'enfants.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal