BFMTV
Police-Justice

25 ans après, l'affaire Grégory relancée

En novembre 1987, des gendarmes portent un mannequin lors d'une reconstitution de l'assassinat du petit Grégory.

En novembre 1987, des gendarmes portent un mannequin lors d'une reconstitution de l'assassinat du petit Grégory. - -

Deux types d'ADN viennent d'être identifiés dans l'enquête sur l'assassinat du petit Grégory Villemin en 1984 dans les Vosges. Mais procureur et avocats restent prudents.

25 ans après, va-t-on enfin connaître l'identité du corbeau dans l'affaire Grégory ? L'expertise des scellés vient de montrer la présence de deux empreintes ADN. Celles d'un homme et d'une femme, sur un timbre et une lettre envoyée par le corbeau à la famille de l'enfant, 9 mois après son assassinat. Des empreintes qui ne sont pas celles des époux Villemin, parents de la victime, précise Jean-Marie Beney, procureur général de Dijon. Des traces ont également été isolées sur une cordelette ayant servi à ligoter l'enfant avant de le jeter dans la Vologne (Vosges). Mais il n'est pas certain que cette trace, qui n'est pas une empreinte, permette une comparaison, a ajouté Jean-Marie Beney.

Le 3 décembre 2008, la chambre de l'instruction avait ordonné la réouverture de l'enquête et avait désigné le 5 mai dernier un laboratoire lyonnais pour expertiser les scellés du petit Grégory, retrouvé mort le 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne. Plusieurs lettres, dont l'auteur n'a jamais été identifié, avaient été envoyées à la famille Villemin, avant et après le décès de Grégory.

« Il faut tout reprendre à zéro »

Maitre Gérard Welzer est l'avocat de la famille de Bernard Laroche, suspecté, incarcéré puis relâché avant d'être assassiné par le père de Gregory, Jean-Marie Villemin. Prudent, il appelle à « ne pas créer de faux espoirs. Il faut tout reprendre à zéro. Il faut faire expertiser la cassette du corbeau par des experts américains, qui sont aujourd'hui capables de déterminer à qui est la voix. Il faut reprendre les expertises d'écriture. En un mot, il ne faut pas faire semblant de rouvrir l'instruction. Il faut que tout soit fait pour qu'on reprenne réellement les recherches, pour découvrir la vérité. Parce que ça fait 25 ans qu'on nous promet la vérité et ça fait 25 ans que de semaine décisive en semaine décisive, la justice s'est discréditée. Donc, ne soyons pas timides ! »

Quels ADN bientôt prélevés ?

Avec la découverte de ces nouveaux éléments, le procureur pourrait ordonner des prélèvements d'ADN sur les différentes personnes mêlées à cette affaire. Toute la famille Laroche est donc concernée, puisqu'à l'époque elle était soupçonnée par certains enquêteurs de compter le corbeau parmi ses membres. Certes, il n'est pas question pour l'instant d'exhumer le corps de Bernard Laroche, disait ce matin le procureur général de la Cour d'appel de Dijon. Mais le cousin de Jean-Marie Villemin ayant été le suspect numéro 1 avant d'être abattu par le père du petit Grégory, l'hypothèse ne peut être totalement exclue. Surtout si l'ADN de ses enfants montre une filiation avec celui retrouvé sur les scellés. L'ADN de sa belle-sœur, Murielle Bolle, qui l'avait dénoncé, devra également être prélevé. Tout comme celui de l'ensemble des enquêteurs ayant manipulé les scellés et qui ont pu les contaminer accidentellement. A terme, et si aucun croisement ne s'avère positif, on peut imaginer étendre le prélèvement à l'ensemble du village de Lépanges-sur-Vologne. Un millier d'habitants à l'époque, pour une enquête qui repartirait alors à zéro, 25 ans après les faits.

La rédaction, avec Céline Martelet et Pierre Viaud