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Police-Justice

150 euros au lieu de 4 millions: un couple attaque un brocanteur en justice pour faire annuler la vente d'un masque africain

Un couple de retraités du sud de la France a saisi la justice pour faire annuler la vente de leur masque africain à 150 euros, qui a été ensuite revendu pour plus de quatre millions d'euros. L’affaire est plaidée ce mardi matin devant le tribunal judiciaire d’Alès dans le Gard.

Une brocante qui tourne au cauchemar. En septembre 2021, un couple de retraités vivant dans l’Eure-et-Loir, décide de vendre leur maison secondaire et organise un vide-grenier. Parmi les objets et bibelots dont ils se séparent, un vieux masque africain ayant appartenu à un aïeul.

Après avoir fait appel à un brocanteur, le couple, un greffier à la retraite de 88 ans et son épouse, mère au foyer, de 81 ans, lui cède le masque au prix de 150 euros. Mais ce qui paraissait être une bonne affaire pour le brocanteur, a finalement tourné au cauchemar pour les deux retraités.

Quelques mois plus tard, en mars 2022, les octogénaires découvrent en lisant le journal, que leur ancien masque a été vendu aux enchères pour la somme de 4.2 millions d’euros.

Un masque rarissime

Ce masque, extrêmement rare, datant XIXe siècle, est en réalité le vestige du peuple Fang au Gabon. Aujourd’hui, il n'en resterait qu'une dizaine d'exemplaires au monde.

Le catalogue de la vente aux enchères précise d'ailleurs que ce masque avait été "collecté vers 1917, dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), probablement lors d'une tournée au Gabon".

Plusieurs protestations de Gabonais dans la salle de vente réclamaient notamment sa "restitution" à son pays d'origine.

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RMC Police-Justice : La mésaventure d’un couple qui a vendu un masque africain rare pour une bouchée de pain - 05/10
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Pour Me Mansat-Jaffré, l’avocat des anciens propriétaires, le couple a été dupé.

"S’il [brocanteur] avait eu un soupçon ou en tout cas une déontologie, je pense qu’il aurait dû dire: ‘Écoutez Madame, Monsieur, je ne vous fais aucune proposition, on va plutôt contacter ensemble des spécialistes", déclare-t-il à BFMTV.

L’affaire est plaidée aujourd’hui

Bien que le brocanteur ait proposé la somme de 300.000 euros au couple, leur avocat affirme qu’ils "n'ont jamais vu le chèque". Les retraités ayant saisi la justice, demande à faire annuler la vente.

"Comme le brocanteur a vendu le masque, il ne pourra pas me le rendre (...). Donc comme il ne pourra pas me le revendre, la seule conséquence de l'annulation sera qu’il nous reverse le prix de 4.2 millions d'euros correspondant à la valeur du masque dont il s’est séparé", indique l'avocat.

Jusqu’à présent, les comptes bancaires du brocanteur ont été bloqués, sur décision de la cour d'appel de Nîmes.

En introduction du procès qui s'est ouvert ce mardi matin, deux avocats représentant le gouvernement de transition du Gabon ont demandé à ce que leur intervention volontaire soit jugée recevable, afin de "parvenir à l'annulation successive des ventes de ce masque, à son rapatriement et à la consignation des fonds", a plaidé Me Olivia Betoe.

Ils réclament également "un sursis à statuer" pour poursuivre en parallèle une procédure pénale lancée au tribunal judiciaire de Montpellier après un dépôt de plainte pour recel, par le Gabon, en septembre.

"Une intervention volontaire est un outil juridique. On peut revendiquer ce masque pour des conditions louables qui s'inscrivent dans un contexte culturel, mais ça n'est aujourd'hui, pas le sujet", a rétorqué l'avocate du brocanteur, Me Patricia Pijot.

Orlane Edouard avec AFP