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Police-Justice

15 jeunes jugés pour des "tournantes"

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Dix ans après les faits, leur procès s'ouvre, mardi, à Créteil.

Quinze hommes de 29 à 33 ans, seront jugés à partir de mardi par les assises des mineurs du Val-de-Marne. Ils sont accusés de viols collectifs entre 1999 et 2001 sur deux adolescentes alors âgées de 15 et 16 ans, qui ont longtemps gardé le silence.

Longtemps tue, l'affaire éclate au détour d'une agression à l'automne 2005 : tabassée dans la rue par M.D. pour un regard de travers, Nina s'en ouvre auprès des policiers. Elle leur raconte que son agresseur faisait partie de garçons qui la violaient plusieurs années auparavant. Un calvaire qui, selon elle, a duré six mois en 1999.

Réduite au silence par "peur de représailles"

"Tous m'avaient dit que si je parlais, ils s'en prendraient à ma mère et mon frère. Je ne me laissais pas faire, je résistais aux coups mais ils étaient plus forts", a-t-elle déclaré dimanche au Parisien dans une interview à visage découvert.

Au fil des investigations, les policiers mettent au jour les agissements passés d'une vingtaine d'adolescents accusés d'avoir asservi Nina et une autre jeune fille, dans un "système" de tournantes, quelques années plus tôt.

Marquée par la vie, usée psychologiquement, Nina a 16 ans (son témoignage dans ce document TF1) quand, explique-t-elle, elle est violée une première fois au dernier étage d'une tour de la cité de la Redoute, par un garçon à peine plus âgé qu'elle. Un viol commis dans un maelström de rires, de violences et de menaces proférées par un groupe d'adolescents spectateurs.

"Objet sexuel" d'une quinzaine d'agresseurs

Nina déclare ensuite aux enquêteurs avoir dès lors subi "quotidiennement" des actes similaires des mêmes individus. Dans des caves, des parkings, des appartements des quartiers du Bois Cadet, des Larris ou des Olympiades, l'adolescente assure aux enquêteurs être devenue "l'objet sexuel" de garçons qui selon ses termes, vont se conduire comme "des chiens enragés".

Elle en identifiera une vingtaine, dont quinze comparaîtront devant les assises. Au fil de leurs investigations, les enquêteurs découvrent l'existence d'une autre jeune femme, A.B. qui explique avoir été elle aussi victime "de tournantes" en 2000 et 2001 à Fontenay, avec parfois les mêmes protagonistes, la même violence, la même peur et la crainte de représailles.

Les victimes "consentantes" selon les présumés violeurs

Les agresseurs présumés, pour la plupart en liberté sous contrôle judiciaire, nient les viols, assurant que les deux plaignantes étaient consentantes. Le procès se tiendra jusqu'au 12 octobre, pour ces quinze accusés dont 12 étaient mineurs au moment des faits. Les débats devraient se tenir à huis clos afin notamment de préserver leur anonymat.

Deux mineurs, alors âgés de moins de 16 ans, comparaissent ainsi mardi devant le tribunal pour enfants de Créteil. Un autre suspect est en fuite. Soupçonné d'être un des leaders du groupe, M. D., aujourd'hui trentenaire, est détenu à Fresnes dans le cadre d'une autre procédure qui lui vaut une mise en examen pour l'assassinat de sa compagne et l'enlèvement et la séquestration de son petit garçon en février 2010.