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1 femme sur 10 est victime de violences conjugales en France

1 femme sur 10 est victime de violences conjugales en France.

1 femme sur 10 est victime de violences conjugales en France. - -

Plus de 50.000 appels en 2010 au "3919", le numéro d'appel national destiné aux victimes de violences conjugales. C'est 50% de plus qu'en 2009. Une augmentation due notamment aux grandes campagnes de médiatisation autour du numéro.

Depuis 1992, la FNSF gère le service téléphonique national d'écoute "Violences Conjugales - Femmes Infos Services". Les appels au 3919 sont gratuits et anonymes. Cette plateforme téléphonique est gérée par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) qui regroupe 68 associations d'aide aux femmes victimes de violences.
Le plus grand nombre d'appels pour violences conjugales vient d'Ile-de-France et des régions Rhône-Alpes et PACA.

En 2009, 140 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint

En 2010, 223 victimes déclarent avoir été visées par une tentative de meurtre, contre 122 en 2009.
1 femme sur 10 est victime de violences conjugales en France. En 2009, 140 sont mortes sous les coups de leur conjoint. En 2010, la lutte contre les violences faites aux femmes avait d'ailleurs été désignée "Grande cause nationale".

« Les femmes osent parler »

Maryvonne Bin-Heng est la présidente de la Fédération nationale Solidarité Femmes. Pour elle, si les appels au 3919 ont augmenté l'année dernière « c'est le fait de la connaissance, il y a un certain nombre de campagne médiatique qui ont relayé ce numéro, c'est un numéro anonyme et gratuit, ça joue. On connait mieux les violences conjugales, tout le monde les connait mieux. Et, aussi, c'est que les femmes osent parler. Quand on permet aux femmes de parler des violences conjugales, hé bien elles parlent. Les femmes ne parlaient pas, non pas parce qu'elles ne voulaient pas sortir de la situation, mais parce qu'elles imaginaient que c'était impossible. Alors que, quand on leur dit qu'il y a des solutions possibles, qu'elles vont pouvoir vivre autrement, hé bien elles ont envie de vivre autrement ».

« 87% des femmes qui appellent sont victimes de violences psychologiques »

Pascale Carayon s'occupe d'analyser les appels au 3919 à la Fédération Nationale Solidarité Femmes. Les violences physiques sont évoquées dans 80% des appels. Mais pour Pascal Carayon, il n'y a pas que la violence physique : « Dans l'imaginaire collectif, quand on pense violences conjugales, on pense souvent : coups, gifles, arrachage de cheveux, brûlures... Mais les violences conjugales sont multiples. Par exemple la violence psychologique qui a été intégrée dans la loi l'année dernière a permis aussi à un certain nombre de femmes de révéler un certain nombre de violences conjugales. Ça va être tout ce qui peut être chantage, harcèlement, ce genre de choses qui mettent les femmes dans une situation où elles se sentent épiées. Elles sont terrorisées. 87% des femmes qui appellent sont victimes de violences psychologiques. C'est énorme. C'est-à-dire que quasiment toutes les femmes qui appellent au 3919 sont victimes de violences psychologiques ».

« On ne tape pas une femme. Voilà ! »

Pascale Carayon apporte quelques précisions quant aux tranches d'âges qui appellent aux 3919 et elle constate que 25% des femmes qui composent le numéro ont moins de 30 ans. Elle explique cette tendance simplement : « elles sont plus conscientes. Je ne dis pas que les « anciennes » n’étaient pas conscientes : c’était beaucoup plus difficile de le révéler. Il y avait une espèce de laisser-faire. Ça faisait partie du langage courant : "une petite claque par-ci ça fait pas de mal". Dans les nouvelles générations, "une petite claque par-ci", non, c’est pas concevable. On ne tape pas une femme. Voilà ! Les violences deviennent inacceptables, ce qui est très bien. C’est lié à plein de choses, la première, c’est que c’est lié à la dénonciation de la violence conjugale, à la médiatisation de cette problématique, à la prise de conscience, aussi, des pouvoirs publics sur ce sujet. On accepte moins les violences ».