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SwissLeaks: Bergé, actionnaire du Monde, s'attaque de nouveau aux journalistes

Pierre Bergé affirme publiquement qu'il réprouve les méthodes employées par les journalistes du Monde, quotidien dont il est actionnaire, dans le cadre des révélations SwissLeaks.

Pierre Bergé affirme publiquement qu'il réprouve les méthodes employées par les journalistes du Monde, quotidien dont il est actionnaire, dans le cadre des révélations SwissLeaks. - Alain Jocard - AFP

"La délation, c'est la délation", a lancé ce mardi soir Pierre Bergé, l'un des principaux actionnaires du Monde, à destination des journalistes du quotidien impliqués dans les révélations du Swissleaks. Des propos qui tranchent avec ceux de Matthieu Pigasse, co-actionnaire du titre.

Le président du conseil de surveillance du Monde, Pierre Bergé, "réprouve" les méthodes des journalistes de ce quotidien dans l'enquête sur le scandale de fraude fiscale de HSBC Suisse, affirmant à RTL que "la délation, c'est la délation".

"Ce n'est pas pour ça que je leur ai permis d'acquérir leur indépendance. Ce sont des méthodes que je réprouve", a déclaré l'homme d'affaires dans une interview. "Je ne veux pas comparer ce qui se passe à des époques passées mais quand même, la délation, c'est la délation. C'est jeter en pâture des noms", a-t-il dit. 

Depuis qu'il est entré au capital du quotidien du soir, l'homme d'affaires s'est déjà fait remarquer à plusieurs reprises pour ses critiques ouvertes contre les journalistes. Ce fut le cas notamment en octobre dernier, quand un journaliste littéraire du Monde avait signé une critique négative d'un livre de Patrick Modiano, quelques jours avant que ce dernier n'obtienne le prix Nobel de littérature.

Des propos qui suivent ceux de Pigasse

Plus tôt dans la journée sur France Inter, Matthieu Pigasse, co-actionnaire du Monde et vice-président de la banque Lazard, avait demandé lui aussi à ne pas tomber dans la "délation", tout en se disant "fier" du travail d'investigation "remarquable" des journalistes du quotidien.

"Il est vrai qu'il y a un juste équilibre à trouver entre le fait de divulguer des informations d'intérêt général, d'intérêt public" et le fait "de ne pas tomber dans une forme de maccarthisme fiscal et de délation", a-t-il dit.

Un débat d'ordre éditorial

De son côté, le directeur du Monde, Gilles Van Kote, a réaffirmé l'indépendance éditoriale de la rédaction.

"On peut toujours avoir des discussions. Le débat sur le fait de donner le nom d'untel et pas d'untel est ouvert, il existe au sein de la rédaction. Mais ce sont des décisions qui sont d'ordre éditorial et qui sont donc du ressort de la direction du journal", a déclaré Gilles Van Kote, directeur du Monde, en réaction à la déclaration de Matthieu Pigasse. Il a rappelé l'existence, au Monde, d'une charte d'éthique, selon laquelle "les actionnaires n'ont pas leur mot à dire sur les contenus éditoriaux".

La filiale suisse de la banque HSBC était depuis lundi au centre d'un vaste scandale après que plusieurs journaux eurent assuré qu'elle avait aidé certains de ses clients, notamment de riches industriels et des personnalités politiques, à cacher des milliards de dollars pour leur éviter de payer des impôts.

Jé. M. avec AFP