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Retour sur 30 ans d'"esprit Canal" en vidéos

Serge Gainsbourg et sa marionnette des Guignols le 10 mai 1989, sur le plateau de "Nulle part ailleurs"

Serge Gainsbourg et sa marionnette des Guignols le 10 mai 1989, sur le plateau de "Nulle part ailleurs" - Jean-Pierre Muller - AFP

"L'esprit Canal", c'est quoi ? C'est trente ans de programmes irrévérencieux et drôles, c'est une pépinière de jeunes et moins jeunes talents, c'est un ton, et des émissions cultes. Souvenirs.

Il y avait Antoine de Caunes, les Nuls et le Top 50. Le cinéma tchi-tchaaah et le foot cryptés, le porno du premier samedi du mois (crypté aussi). C'était drôle, insolent et inédit à la télévision. Il y a 30 ans, en novembre 1984, Canal + déboulait sur le petit écran.

La chaîne a marqué plusieurs générations et ses émissions phares sont restées dans tous les esprits. Un incubateur de jeunes talents qui, sous la houlette d'Alain de Greef (directeur des programmes de 86 à 94) et de Pierre Lescure (Pdg jusqu'en 2002), a révélé un paquet d'humoristes et façonné l'humour du PAF.

Surfant sur la nostalgie, Canal+ offre aux fans la possibilité de se composer un épisode de Bref, de Kyan Khojandi, avec des extraits d'émissions cultes.

Retour en images sur trois décennies de programmes décapants devenus cultes pour toute une génération.

> Tchi tchaaah

Moment de frustration intense pour ceux qui n'avaient pas le précieux décodeur. Le passage en crypté au moment du film du soir. Le jingle était signé Michel Jonasz.

> Nulle part ailleurs

Tous les soirs, de 1987 à 1997, le rire de Philippe Gildas et les vannes d'Antoine de Caunes résonnent sur le plateau de Nulle part ailleurs. A Gildas succéderont Guillaume Durand, Nagui et Thierry Dugeon, jusqu'en 2001. Les invités prestigieux se bousculent dans le décor de faux marbre noir et blanc de l'émission. Antoine de Caunes et José Garcia s'en donnent à coeur joie, dans la peau de Pine d'huître, Didier l'embrouille, Sandrine Troforte et Richard Jouir, Gérard Langdepüte, Raoul Bitembois et bien d'autres. "Gildas, les Nuls, leurs divers successeurs, auteurs, comédiens, animateurs ont sculpté l’émission au fil du temps avec Benoît Poelvoorde, Jamel Debbouze, les Grolandais et les Deschiens qui ont maintenu un foisonnement de cet humour potache, pertinent et impertinent. C’était ce que j’attendais d’eux", explique Alain de Greef dans un entretien au Monde.

Nulle part ailleurs a beaucoup contribué à véhiculer ce fameux "esprit Canal". L'émission a révélé ou vu passer bien des chroniqueurs et des humoristes, tels que Jérôme Bonaldi (et son "effet Bonaldi"), l'écrivain Jean Teulé, les Deschiens, les Robins des bois, Benoît Poelvoorde, Edouard Baer, Jamel Debbouze, Omar et Fred... sans parler des nombreuses Miss météo.

> Les Nuls

Les Nuls font leur première apparition en 1987. Chantal Lauby, Alain Chabat, Bruno Carette et Dominique Farrugia débarquent avec Objectif Nuls. Le Journal Télévisé des Nuls, TVN 595, ABCD Nuls, Les Nuls l'émission... tout ce que le quatuor (devenu trio à la mort de Bruno Carette en 1989) a fait sur Canal est devenu culte. "Régis est un con", "Le CCC, le Comité contre les Chats", "vous, vous êtes une femme Barbara Gourde"... sont devenus des gimmicks qui parlent aussi bien aux quinqua qu'aux trentenaires. Avec leur liberté de ton et leur esprit potache, les Nuls incarnent à merveille l'"esprit Canal". Politiquement incorrects, ils ne respectent rien, même pas les chats.

> Les Guignols

Les Arènes de l'info, lancées en 1988 avant de devenir les Guignols de l'info, se sont immiscées dans la société, des cours d'école aux machines à café. On leur a même prêté un rôle dans l'élection de Jacques Chirac en 1995. Les Guignols l'auraient rendu "sympathique", au détriment du candidat socialiste Lionel Jospin. "Ils sont intelligents, très politiques, parfois féroces", dira d'eux Jacques Chirac dans L'Express, soulignant cependant: "J'espère que c'est aussi pour d'autres raisons que j'ai été élu!" 

On ne compte plus les gimmicks des Guignols, en près de 26 ans d'existence, du "Atchao bonsoir" lancé par PPD, à "A que coucou", de Johnny Hallyday, ou "Mangez des pommes" de Chirac, "Ici, à Nagano", de Pierre Fulla pendant les JO d'hiver...

> Le Top 50

Du 4 novembre 1984 au 31 août 1991, Marc Toesca lance tous les soirs son "Salut les p'tits clous", avant de présenter le Top 50. Yvan Le Bolloc'h et Bruno Solo lui succèdent jusqu'en 1993. Rien que le générique est une madeleine pour tous ceux qui dès 20 heures se précipitaient pour ne pas rater le clip de Vanessa Paradis, époque Joe le taxi, ou voir Julie Pietri chanter Eve lève-toi, son unique tube. Il faut dire que côté clips, on était nourri à la télé française. M6 n'existait pas encore et MTV était loin d'être diffusé en France.

> Groland

Depuis 1992, la présipauté de Groland nous offre un miroir grossissant. Les nouvelles de Groland, diffusées dans Nulle part ailleurs, ont plusieurs fois changé de nom et de format. D'abord baptisé Les Nouvelles, puis Les Nouvelles Neuves, avant de devenir CANAL International, parodie de CNN et enfin Le 20H20 ("du vin, du hash et du vin, c'est le 20H20"), le programme s'intitule depuis 2012 Made in Groland.

Jules-Edouard Moustic (Christian Borde, ex-auteur pour les Nuls et les Guignols), présentateur vedette, y est entouré du journaliste véreux Michael Kael (Benoît Délépine), de Francis Kuntz, un trio bientôt rejoint par Gustave Kervern. Grossier, ultra-vulgaire, mais qui fait mouche.

> Messages à caractère informatif

De 1998 à 2000, Nicolas Charvet et Bruno Lavaine concoctent les Messages à caractère informatif, des sketches à base d'images issues de films institutionnels des années 70, assortis de doublages hilarants, moquant la vacuité de la vie en entreprise. "C'était vraiment très intéressant".

> Le Zapping

Depuis 1988, le Zapping de Canal+ ausculte la télévision, sous la houlette de Patrick Menais, retenant les moments les plus forts, drôles, choquants, avec une intention éditoriale. "C'est un espace dans lequel on peut exercer un point de vue libre", souligne Patrick Menais sur Europe 1. "C'est une vendange quotidienne et on essaie avec ce qu'on a de trouver un récit, un point de vue décalé sur ce flux d'images qui nous bouffe un peu tous", décrit-il encore. L'équipe du Zapping a concocté pour l'anniversaire de la chaîne un zapping maison, avec uniquement des images diffusées sur Canal+. Résultat, 6 heures et 7 minutes (7 minutes consacrées au porno).

> Mon Zénith à moi

Pilier de Canal+, Michel Denisot a présenté Le grand journal pendant 9 ans. Bien avant cela, il était aux commandes de Zénith (de 1985 à 1987) devenu Mon zénith à moi. Passionné de football, Michel Denisot devient directeur des sports en 1998, puis directeur général délégué de la chaîne jusqu'en 2005.

C'est entouré de Philippe Gildas et Maryse que Michel Denisot, en larmes, annonce le 19 juin 1986 la mort de Coluche. L'humoriste avait lui-même animé une émission sur Canal, intitulée 1 faux.

> Le Petit journal

Le petit Journal est devenu grand. Simple chronique parmi d'autres dans le Grand journal de 2004 à 2001, Le petit journal de Yann Barthès est désormais une émission à part entière. 

Le programme pointe avec humour les incohérences et défauts des hommes politiques, épluchant les discours et séances à l'Assemblée, repérant les "copier-coller" et autres contradictions. Le Petit journal n'épargne personne. Certains politiques fuient désormais ses journalistes comme la peste. L'émission s'est également dotée d'un reporter qui parcourt le monde, Martin Weill, et des indispensables Catherine et Liliane (Alex Lutz et Bruno Sanches).

Magali Rangin