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"Libération": les actionnaires veulent "un réseau social", les salariés refusent

La une de Libération, à paraître samedi.

La une de Libération, à paraître samedi. - -

Le quotidien de gauche, qui traverse une grave crise financière, fait l'objet de tensions internes depuis plusieurs jours. En cause? Le projet voulu par les actionnaires.

Les actionnaires de Libération, quotidien en grave crise financière, ont annoncé vendredi vouloir faire du journal "un réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias", provoquant la colère de la rédaction.

"Nous sommes un journal, pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up...", titre la une de Libération à paraître samedi, qui crie sur cinq pages sa "colère" en réponse aux propositions des actionnaires.

Et les mots retranscrits dans ce dossier pour décrire les premières réactions des journalistes sont sans appel: "foutage de gueule", "bras d'honneur", "insulte".

Le siège deviendrait un "espace culturel"

Dans un texte à paraître également dans l'édition de samedi, les actionnaires actuels - les hommes d'affaires Bruno Ledoux, Édouard de Rothschild et le groupe italien Ersel - ont pour la première fois précisé leurs intentions vis-à-vis du journal aux ventes en chute libre et financièrement en péril. Ce projet, écrivent-ils, ne ferait plus de Libération "un seul éditeur de presse papier" mais un "réseau social, créateur de contenus monétisables sur une large palette de supports multimédias (print, vidéo, tv, digital, forums, évènements, radio, etc....)", de quoi lui fournir "de très forts relais de croissance".

Les actionnaires estiment que le déménagement du journal est "inéluctable" mais réfléchissent, avec le designer Philippe Starck, à transformer les 4.500 m2 du siège du journal, situé rue Béranger à Paris, en "un espace culturel et de conférence comportant un plateau télé, un studio radio, une news room digitale, un restaurant, un bar, un incubateur de start-up".

Ce "lieu d'échange ouvert et accessible à tous, journalistes, artistes, écrivains, philosophes, politiques, designers" serait "entièrement dédié à Libération et à son univers" dans l'esprit d'un "Flore du XXIème siècle, carrefour de toutes les tendances politiques, économiques, ou culturelles" en misant sur "la puissance de la marque Libération".

A. G. avec AFP