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Les 31 "ennemis d'Internet", selon Reporters Sans Frontières

La NSA fait partie des "ennemis d'Internet", selon RSF.

La NSA fait partie des "ennemis d'Internet", selon RSF. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

RSF souligne notamment l'implication d'institutions dans des pays démocratiques. Comment les Etats dits démocratiques pourraient-ils désormais s'ériger en donneurs de leçons?", s'interroge l'association.

La liste noire compte 31 noms. Trente et une institutions, désignées "ennemies d'Internet" pour leur rôle au coeur des systèmes de surveillance ou de censure des Etats.

Parmi ces cibles désignées par Reporters Sans Frontières (RSF), trois appartiennent à des démocraties, dont la NSA et le GCHQ britannique.

Dans son rapport publié mercredi à l'occasion de la Journée mondiale contre la cyber-censure, RSF dénonce ces agences gouvernementales qui ont "espionné les communications de plusieurs millions de citoyens, dont de nombreux journalistes, introduit sciemment des failles de sécurité dans les matériels servant à acheminer les requêtes sur Internet et piraté le coeur même du réseau dans le cadre des programmes Quantum Insert pour la NSA et Tempora pour le GCHQ", écrit RSF.

Ce faisant, estime Reporters Sans Frontières, elles ont transformé Internet, "un bien commun", en une "arme au service d'intérêts particuliers, bafouant au passage la liberté d'information, la liberté d'expression et le droit à la vie privée".

Des ministères de l'information aux salons d'armement

Ces pratiques, dont certaines ont été révélées par le lanceur d'alerte Edward Snowden, sont "d'autant plus intolérables qu'elles seront - et sont déjà - utilisées comme argument par des pays autoritaires tels que l'Iran, la Chine, le Turkménistan, l'Arabie Saoudite ou le Bahreïn pour justifier leurs propres atteintes à la liberté de l'information", déplore RSF.

"Comment les Etats dits démocratiques pourraient-ils désormais s'ériger en donneurs de leçons quant à la protection des acteurs de l'information, alors qu'ils adoptent les pratiques qu'ils dénoncent chez ces régimes anti-démocratiques?", s'interroge l'ONG.

Outre les agences de sécurité nationale ou les ministères de l'Information de certains pays autoritaires, la liste des "ennemis d'Internet" 2014 épingle également trois salons d'armement: ISS World, Technology Against Crime et Milipol, parfois accueillis en France.

Pour l'organisme de défense de la liberté de la presse, ces salons mettent en relation des "sociétés spécialisées dans l'interception des communications ou le blocage de contenus en ligne avec des officiels et des représentants des gouvernements iranien, chinois, bahreïni, etc".

Les acteurs de l'information doivent être formés

Autre dérive inquiétante, pour Reporters Sans Frontières, certaines agences de protection du territoire, comme la NSA, le GCHQ, et leurs homologues en Ethiopie, en Arabie Saoudite, au Bélarus, en Russie ou au Soudan, ont "largement outrepassé leur mission originelle pour espionner ou censurer les acteurs de l'information".

"Cette tendance à instrumentaliser la sécurité nationale (...) se retrouve dans d'autres institutions", prétend RSF, qui cite notamment l'article 20 de la loi de programmation militaire, récemment adoptée par le parlement français.

Pour "préserver la liberté de l'information en ligne", RSF préconise notamment "d'agir au niveau des institutions internationales", de "former les acteurs de l'information à la protection de leurs données et communications" et de "continuer à informer sur les pratiques de surveillance et de censure".

A. D. avec AFP