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Auteur de livres-enquête sur Mitterrand et sur l'Afrique, le journaliste Pierre Péan est mort

Le journaliste Pierre Péan dans un studio de France Info le 4 février 2009, lors de la parution d'une enquête sur Bernard Kouchner.

Le journaliste Pierre Péan dans un studio de France Info le 4 février 2009, lors de la parution d'une enquête sur Bernard Kouchner. - AFP - Miguel Medina

Le journaliste est également connu pour ses enquêtes sur les médias, notamment Le Monde, quotidien auquel il consacre avec Philippe Cohen un brûlot qui met à mal sa réputation.

Le journaliste Pierre Péan, enquêteur chevronné ayant pour sujets de prédilection l'Afrique, les médias et la face cachée des personnalités politiques, est mort jeudi, a annoncé L'Obs. Il a notamment consacré un ouvrage au passé trouble de l'ancien président socialiste François Mitterrand durant l'occupation nazie.

Christophe Nick, auteur avec Pierre Péan d'une enquête sur TF1 en 1997, a également annoncé ce décès sur sa page Facebook: "C'est terrible. Le Patron, Pierre Péan, mon ami, est parti ce soir."

Le passé pétainiste de Mitterrand

"Pierre Péan, le grand journaliste d'investigation, est mort jeudi soir 25 juillet à l'âge de 81 ans", écrit pour sa part L'Obs sur son site internet, saluant "l'un des plus grands journalistes d'enquête français". L'écrivain s'est fait connaître avec ses enquêtes fouillées au long cours, qu'il publiait à raison d'un livre tous les un ou deux ans.

Son coup de maître, il le réalise en 1994 avec Une jeunesse française: François Mitterrand 1934-1947, dans lequel le président socialiste s'explique pour la première fois sur son appartenance à la droite pétainiste qui allait engager la France dans la collaboration avec l'occupant nazi, avant son action dans la Résistance.

N'ayant jamais peur des polémiques, il enquêtera aussi sur Jacques Chirac, Bernard Kouchner ou Jean-Marie Le Pen. 

Les diamants de Bokassa

En 1979, ce fils d'un coiffeur de l'ouest de la France, qui avait débuté dans des cabinets ministériels au Gabon avant de se lancer dans le journalisme, passant par l'AFP puis l'hebdomadaire L'Express, sort dans Le Canard enchaîné sa première grande affaire.

Il s'agit de diamants que l'empereur Bokassa de Centrafrique aurait offerts au président français Valéry Giscard d'Estaing. Le scandale aura un grand retentissement à deux ans de l'élection présidentielle. Il joue indéniablement un rôle dans la dégradation de l'image du chef de l'État, qui sera d'ailleurs battu par François Mitterrand en 1981.

L'Afrique et les médias

En 1983, ce journaliste tiers-mondiste dans l'âme publie Affaires africaines, qui porte sur les relations entre la France et le Gabon. Il reviendra sur les sujets africains avec le génocide rwandais (dans Noires fureurs, blancs menteurs en 2005), où certains de ses propos sur les Tutsis feront polémique. 

"Ma méthode est exclusivement fondée sur le temps, expliquait celui qui s'est aussi intéressé aux grands médias avec son livre TF1, un pouvoir (avec Christophe Nick) et son enquête La Face cachée du Monde (2003, avec Philippe Cohen) qui met à mal la réputation du quotidien français le plus respecté.

Jules Pecnard avec AFP