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Accusé de racisme pour une chronique sur une femme voilée, Libération se défend

Une chronique de Luc Le Vaillant, journaliste à Libération, a suscité une vive polémique, mardi 8 décembre 2015. (Photo d'illustration)

Une chronique de Luc Le Vaillant, journaliste à Libération, a suscité une vive polémique, mardi 8 décembre 2015. (Photo d'illustration) - Fred Dufour - AFP

Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération répond à la polémique créée par une chronique, publiée dans le quotidien mardi, sur une femme voilée dans le métro.

Une chronique de Libération sur les "craintes" que peut susciter une femme voilée dans le métro a suscité mardi de nombreuses réactions sur Twitter et des critiques au sein de la rédaction, entraînant une mise au point du rédacteur en chef Laurent Joffrin.

Dans cette chronique publiée lundi en ligne et mardi en version papier, le journaliste Luc Le Vaillant recense ses "craintes réelles et fantasmées" face à une passagère d'une "rame après-attentats" portant une "abaya couleur corbeau". "Cette autre soutane monothéiste lui fait la cuisse évasive, la fesse envasée, les seins restreints", écrit-il.

"Chronique raciste"

"Elle se tient droite et les regards oublient vite sa silhouette pour se concentrer sur la gibecière portée en bandoulière", note le chroniqueur. "Je me raconte que la femme voilée est en cheville avec le conducteur salafiste et que mon supplice est pour bientôt", imagine le journaliste, qui quitte le métro avant sa station d'arrivée.

L'article avait suscité plus de 6.000 réactions sur Twitter en début d'après-midi, la plupart dénonçant une "chronique raciste". Au sein du journal, "de très nombreux journalistes ont également fait part ce mardi de leur désapprobation sur un contenu qui ne reflète pas, à leurs yeux, les valeurs du journal et leurs convictions personnelles", a réagi la Société des journalistes de Libération dans un communiqué. La SDJ "rappelle qu'il s'agit d'une chronique qui, de par ce statut, engage l'opinion de son auteur et non celles d'autres journalistes".

"Restitution littéraire et ironique"

Le directeur de la rédaction, Laurent Joffrin, a jugé pour sa part, dans une mise au point diffusée sur le site du quotidien, que l'auteur de la chronique "a mis en scène des fantasmes et des inquiétudes qui courent dans la société".

"Sans doute aurait-il dû souligner avec plus de précaution, reconnaît-il, qu'il s'agissait non d'une opinion construite mais de la restitution littéraire et ironique de préjugés et d'angoisses qu'il se reproche lui-même, comme il l'écrit, d'avoir ressentis". "Si des lecteurs ont été blessés par ce texte, nous en sommes désolés", conclut Laurent Joffrin.

la rédaction avec AFP