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Têtes couronnées

"Ce n'est pas Kate": pourquoi plus rien n'arrête les théories complotistes sur la princesse de Galles

Rien ne semble pouvoir calmer les théories complotistes concernant la princesse de Galles, sur les réseaux sociaux. Pas même de nouvelles images la montrant apparemment en bonne santé.

Un emballement que rien ne semble pouvoir calmer. Malgré les récentes images de Kate Middleton, filmée samedi 16 mars en compagnie de William sur un marché de producteurs à proximité de leur cottage à Windsor, les théories les plus folles sur la santé de la princesse de Galles continuent de circuler.

Sur X (ex-Twitter), notamment, les internautes s'évertuent à décrypter cette vidéo diffusée par le site people TMZ, pour démonter son authenticité. "Ce n'est pas Kate", assurent certains, qui passent à la loupe les images - filmées à distance, et donc un peu floues. Elle n'a pas la bonne taille pour les uns, pas la bonne longueur de cheveux. "C'est un sosie", abondent les autres.

Des rumeurs "scandaleuses", assure en réponse la correspondante royale de Sky News, Laura Bundock. "C'est elle, vous pouvez me croire", affirme-t-elle. "Nous avons analysé les images avec un outil de reconnaissance faciale et c'est Kate. Oubliez cette rumeur."

Mais "aucun élément factuel ne tarira cette fièvre complotiste", estime Tristan Mendès-France, maître de conférences spécialisé dans les cultures numériques.

Ces théories aussi folles que nombreuses s'épanouissent, selon lui, sur le "terreau favorable à la complosphère" de la "culture tabloïd". Cette "excitation exagérée de beaucoup de tabloïds et d'une partie de la population sur tous les faits et gestes de la famille royale", résume-t-il.

Où est passée Kate Middleton? Comment le silence de Kensington alimente les rumeurs
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10:18

"Un moment de suspicion légitime"

Pour Tristan Mendès-France, "la balle n'est presque plus dans le camp de la maison royale". "Il n'y a pas de véritable bonne solution (pour arrêter) ces moments d'exaltation complotiste", analyse-t-il pour BFMTV.com. "On est tous pris entre deux maux, en parler pour le démonter, et donc remettre une pièce dans la machine médiatique, et ne pas en parler et laisser libre cours à la complosphère."

La photo retouchée de Kate Middleton et ses enfants à l'occasion de la fête des mères le 10 mars dernier a contribué à allumer la mèche. Cette "faute de communication institutionnelle" est intervenue à un moment où circulaient déjà les premières théories complotistes sur l'absence de la princesse, vue pour la dernière fois en public le 25 décembre 2023. Le hashtag "WhereIsKate" - "où est Kate?" - est ainsi apparu dès le fin du mois de février.

Mais "c'est assez irresponsable de la part de la maison royale d'avoir publié cette photo", relève Tristan Mendès-France, à un moment où "la complosphère était déjà sur les starting-blocks".

"La complosphère internationale, particulièrement anglosaxonne s'est engouffrée dans un moment de suspicion légitime", alimenté par les agences de presse, Reuters et AFP en tête, qui ont retiré le cliché de leurs banques d'image.

"La mort de Charles"

Les théories complotistes ont pris une nouvelle dimension lundi, alors qu'ont circulé sur X des rumeurs de "royal announcement", d'annonce royale sur une possible mort du roi Charles. Des rumeurs véhiculées notamment par certains médias russes. "Le roi Charles III de Grande-Bretagne est décédé à l'âge de 75 ans, selon les médias", rapportait par exemple l'agence de presse russe Sputnik.

Ces fausses informations ont fini par déclencher une déclaration officielle de l'ambassade britannique en Ukraine. "La nouvelle de la mort du roi Charles III est fausse", a publié sur le réseau social l'ambassade, dans un message écrit sur un fond rouge vif.

"Je ne crois pas que la Russie ait quoi que ce soit à voir avec ce moment d'excitation complotiste au Royaume-Uni", tempère Tristan Mendès-France, mais "il est raisonnable de penser que la Russie observe cela avec intérêt et que, le moment venu, elle essaiera de mettre de l'huile sur le feu".

Kate plus ciblée que Charles

Mais plus que Charles, les théories complotistes se déchaînent surtout sur Kate Middleton. C'est le fruit de la communication désastreuse de Kensington, qui a gardé un silence tenace sur la santé de la princesse, contrairement à Charles, qui a communiqué sur son cancer et qui apparaît régulièrement en photo, malgré son traitement.

Tristan Mendès-France y voit également la trace d'un "complotisme un peu particulier sur les femmes de pouvoir ou les célébrités". "Cela tourne souvent autour de la sexualité, des relations extramaritales. Cela entre dans une logique plus générale des élites à la moralité déviante. Cela va très très loin, de l'élite pédo-sataniste du côté des Qanon aux États-Unis, à Brigitte Macron, qui serait un homme. L'idée que les élites nous mentent et ont des pratiques malsaines", conclut-il.

D'après lui, rien ne peut désormais plus arrêter ce qu'il décrit comme "un poulet sans tête". "Les différents récits complotistes - et il y en a des dizaines - viennent se renforcer les unes les autres. Cela se transforme en mille-feuille argumentatif, pour ceux qui sont exposés", et alimente le doute et la méfiance sur tout ce qui provient de Buckingham ou Kensington et sur ce que relaient les médias.

"L'offre complotiste augmente de jour en jour", poursuit Tristan Mendès-France. "Cette augmentation de l'offre de théories renforce la suspicion complotiste plutôt que de la diluer. Cela renforce la suspicion de 'on nous ment', 'on nous cache la vérité', 'tout cela est théâtralisé'."

Ces suspicions sont par ailleurs alimentées par de nouvelles informations provenant des agences de presse. À la lumière des "éditions" de la photo de fête des mères de Kate Middleton, Getty Images a ainsi réexaminé un cliché de la reine entourée de certains de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, fourni en 2023 par Kensington. L'agence a confirmé ce mardi que la photo portait également des traces de retouches. Pas de quoi arranger la situation pour la princesse de Galles.

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV