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Une rétrospective Walker Evans, documentariste de la culture populaire, au Centre Pompidou

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- - Flickr / Oh Paris

Photographe de la culture populaire américaine qui a influencé le Pop art, Walker Evans est célébré à Beaubourg du 26 avril au 14 août.

Son portrait d'une fermière pendant la Grande Dépression est une icône, mais Walker Evans est avant tout le photographe de la culture populaire américaine et a influencé le Pop art et l'art conceptuel. Démonstration au Centre Pompidou, où 300 photos et une centaine de documents seront exposés.

"C'est la première grande rétrospective d'Evans dans un musée français. 35 institutions, dont Getty, le Moma, le Met, l'Art institute of Chicago ou la National Gallery de Washington, ont prêté leurs meilleurs tirages. Ce sont les meilleurs Evans des meilleures collections", souligne Clément Chéroux, commissaire de l'exposition. Celui-ci a visionné près de 10.000 tirages de cet artiste prolifique - il a plusieurs dizaines de milliers de prises de vue à son actif - qui était aussi un collectionneur compulsif de cartes postales, de publicités ou d'enseignes de magasin. 

"Le vernaculaire est la question centrale de l'oeuvre d'Evans. Vernaculaire, un de ces mots intimidants que l'on n'ose employer sans guillemets", reconnaît Clément Chéroux. Employé en français pour qualifier une langue locale, le terme représente aux États-Unis "des formes d'expression populaires ou communes employées par des gens ordinaires à des fins utilitaires".

Travailleurs et mendiants

Pour rendre compte de la fascination de l'artiste pour un domaine qui occupe "une place beaucoup plus importante dans la culture américaine qu'en Europe", l'exposition présente des séries thématiques : commerces des bords de routes, vitrines, affiches, enseignes, travailleurs et mendiants. Les photos de cultivateurs frappés par la crise en Alabama, qui ont en partie occulté le reste de l'oeuvre d'Evans, sont toujours saisissantes.

Il a travaillé de 1935 à 1937 pour la Farm Security Administration, chargée d'aider les fermiers ruinés. Pourtant ses images les plus célèbres ont été prises lors d'un voyage personnel en compagnie de l'écrivain James Agee, comme le double portrait d'Allie Mae Burroughs, épouse d'un ramasseur de coton, visage émacié et bouche serrée.

Evans est devenu photographe un peu par hasard. Il voulait être écrivain et vécut treize mois à Paris en 1926-27, traduisant Baudelaire et consignant ses impressions en français. De retour à New York, il se lance dans la photo en 1930 et découvre l'oeuvre documentaire d'Eugène Atget sur le Paris du 19e et du début du 20e, et sur les vieux métiers.

Outillage professionnel

Un an plus tard, Evans photographie les vieilles maisons victoriennes de la région de Boston et une quarantaine de ces images sont présentées au Moma. En 1938, le musée lui consacrera sa première exposition monographique dédiée à un photographe.

Dans les années 50, il va encore plus loin dans le style documentaire: il s'inspire des catalogues professionnels pour réaliser un portfolio de simples outils. Dans une autre série célèbre, il saisit, à l'aide d'un appareil dissimulé sous son manteau, des passagers assis en face de lui dans le métro.

"Documentaire? C'est un mot sophistiqué et trompeur", dit Evans dans un entretien. "Un document a une utilité, alors que l'art n'en a aucune. En conséquence, l'art n'est jamais un document bien qu'il puisse en adopter le style", ajoute-t-il.

Walker Evans, du 26 avril au 14 août 2017, de 11h à 21h (nocturnes jusqu'à 23h, tous les jeudis soirs) - Galerie 2 - Centre Pompidou.

J.L. avec AFP