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"Tiki pop": quand les Américains s'éprenaient de Polynésie

Une chemise hawaïenne, présentée à l'exposition du musée du Quai Branly.

Une chemise hawaïenne, présentée à l'exposition du musée du Quai Branly. - -

L'exposition "Tiki pop" au musée du quai Branly fait revivre l'engouement américain après la Seconde guerre mondiale pour l'imagerie des mers du Sud.

Le Quai Branly met le cap sur Hawaï et la Polynésie, objet d'un engouement sans précédent dans l'Amérique des années 50. Le musée consacre une exposition à cet art de vivre. Livres, films, bars recréent un paradis fantasmé, brusquement passé de mode à la fin des années 1960.

Ce style populaire, qui a connu son apogée dans les années 1950, a pris pour emblème le "Tiki", représentation humaine d'un demi-dieu à l'origine de l'humanité pour les Polynésiens. Il est représenté les bras joints vers l'avant, les jambes fléchies. Ces statues de bois ou de pierre gardent les maisons. Le Tiki peut aussi se porter en pendentif.

L'exposition présente près de 450 pièces évoquant l'univers Tiki: photos, livres, films, documents d'archives, enregistrements musicaux, mais aussi objets divers (instruments de musique, boîtes d'allumettes, verres, éléments de décoration intérieure).

Marlon Brando, Elvis Presley

L'exposition a pour commissaire Sven Kirsten, spécialiste de pop culture. Installé à Los Angeles depuis de nombreuses années, ce preneur d'images d'origine allemande se présente comme un "archéologue urbain".

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Américains sont envoyés dans le Pacifique. Malgré la violence du conflit, la notion de paradis polynésien se révèle plus forte que la réalité à laquelle les soldats étaient confrontés, selon Sven Kirsten. Haiwaï devient le 50e état des Etats-Unis en 1959. Le pays est en pleine croissance, les classes moyennes entendent se divertir.

Des bars Tiki ouvrent en Californie, en Floride, dans la région des Grands lacs. Disneyland crée une attraction, la "Tiki room enchantée" (1963), qui existe toujours.

Marlon Brando tourne "Les Révoltés du Bounty" (1962), Elvis Presley se crée une "Jungle room" en style Tiki à Graceland (Tennessee). Les représentations de "Hula girls" polynésiennes à la poitrine généreuse émoustillent les mâles américains.

Pays imaginaire de synthèse

"Les Américains se sont fabriqué un pays imaginaire de synthèse mêlant Hawaï, la Mélanésie, les Caraïbes, un monde vaguement polynésien", résume Stéphane Martin, président du musée du quai Branly.

"Le Tiki pop s'arrête net, comme les dinosaures, à la fin des années 1960 avec les mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam et l'émergence des hippies", ajoute-t-il. Les jeunes Américains rejettent le goût de leurs parents pour cet exotisme fabriqué. "La prise de conscience de l'ampleur des crimes du colonialisme, du sexisme et du racisme met fin au fantasme des mers du Sud".

|||Tiki Pop, l'Amérique rêve son paradis polynésien

• Jusqu'au 28 septembre 2014

• Musée du Quai Branly, 37, quai Branly, 75007 Paris, Tél.: 01. 56 61 70 00

• A voir également, du 27 juin au 6 juillet, le Festival des Arts d'Hawaï, avec spectacles de danse, ateliers de ukulele, contes, concerts.

M. R. avec AFP/ Sujet vidéo Cécile Tran Tien