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Rodez: un musée pour Pierre Soulages, maitre de l'Outrenoir

Pierre Soulage, avant l'inauguration de son musée à Rodez, le 28 mai 2014.

Pierre Soulage, avant l'inauguration de son musée à Rodez, le 28 mai 2014. - -

Un musé dédié au peintre, chantre de l'outrenoir, est inauguré ce vendredi à Rodez, dans l'Aveyron. C'est là que Pierre Soulages est né, il y a 94 ans, et qu'il a commencé à exercer son art avant de s'installer à Courbevoie, en région parisienne.

Quand on le désigne comme "le plus grand peintre français" vivant, Pierre Soulages répond: "1,90 mètre, c'est vrai. Un peu moins maintenant parce que je me tasse". Sa ville natale, Rodez, lui dédie aujourd'hui un musée. L'inauguration a eu lieu ce vendredi, en présence du président de la République François Hollande.

Chevelure blanche et silhouette noire, debout devant un immense tableau noir: c'est ainsi que l'on se représente l'artiste "mondialement connu pour la domination du noir dans ses peintures" abstraites. Ce noir-là est bien plus que du noir...

"Aux visiteurs qui ne me connaissent pas, il faut demander de regarder avec les yeux et non pas avec ce qu'ils ont dans la tête", dit le peintre. Au centre Pompidou, lors de l'exposition de 2010 qui avait attiré 500.000 visiteurs, "beaucoup de gens ont pleuré devant mes toiles, ça prouve que ça les remuait assez profondément".

Pêche, rugby et peinture

Rodez, il y est né en 1919, dans un quartier d'artisans proche de l'actuel musée. L'adolescent aveyronnais pêche, joue au rugby et peint, des arbres dénudés des Causses ou des paysages de neige "à l'encre de Chine", rappelle le conservateur, Benoît Decron.

Puis vient la peinture contemporaine, son second "lieu de naissance". Pierre Soulages et sa femme Colette s'installent en 1946 à Courbevoie dans un minuscule appartement-atelier, selon la légende accrochée près de la peinture à l'huile - aux lignes courbes et aux tons de jaune, vert, rouge, gris et noir - exposée cette année-là au salon des Surindépendants de Paris.

Depuis, le peintre a apprivoisé cette "renommée" dont la presse lui rebat les oreilles: "Un musée à Rodez, c'est très bien (...) mais je suis encore beaucoup plus content de voir des oeuvres de moi dans les musées européens, asiatiques ou américains", explique-t-il.

"Grâce à Soulages, on saura où est Rodez!"

Et il relate une anecdote datant de 1976. Les plus grands conservateurs de musée européens lui avaient décerné un prix prestigieux en lui demandant où il voulait qu'il lui soit remis: "Pourquoi pas Rodez, avais-je demandé. La réponse avait été: 'Qu'est-ce que c'est que ça, Rodez?'".

"Grâce à Soulages, on saura où est Rodez!", dit le maire (PS) Christian Teyssèdre. Il rappelle que la ville (27.000 habitants) et l'agglomération ont financé la majeure partie du musée (d'un coût total de 25 millions d'euros TTC) et se plaint de la maigreur du financement de l'Etat (4 millions) pour un tel projet.

Mais Pierre Soulages sera "une tête de pont en terme de marketing territorial pour faire venir du monde". Le peintre n'ajoute rien, imperturbable derrière ses lunettes... noires.

A. D. avec AFP