BFMTV
Spectacles

Le Musée de l'érotisme de Paris déballe tout... avant sa fermeture

La devanture du musée de l'érotisme, le 2 novembre 2016 à Paris -

La devanture du musée de l'érotisme, le 2 novembre 2016 à Paris - - PATRICK KOVARIK - AFP

Sextoys du monde entier et de toutes les époques, dessins fripons et sculptures érotiques... Plus de 2.000 objets plus polissons les uns que les autres seront vendus dimanche aux enchères.

Paris restera-t-elle la ville de l'Amour alors que son côté coquin est en train de s'évaporer? 

Si la rue Saint-Denis perd un à un ses sex-shops, Pigalle pleure l'un de ses lieux emblématiques: l'unique musée français de l'érotisme va définitivement baisser son rideau. Mais avant cela, ses bijoux de famille seront disséminés à travers une vente aux enchères, dimanche. 

Pour Maître Bertrand Cornette de Saint Cyr, chargé de la dispersion, "cette vente exceptionnelle offre un tour du monde de l'art érotique, un panorama unique des cultures et coutumes des peuples". Et pour cause: plus de 2.000 objets tous nés sous le signe de la Chose vont donc être vendus au public, qu'il soit averti ou non. Au programme, donc, des godemichés du monde entier et de toutes les époques, des chaises de plaisir, des dessins et sculptures érotiques, des photographies prises dans des maisons closes...

Collectée depuis trente ans, cette collection définitivement sous la ceinture n'est pourtant pas un grand salon d'objets coquins: "Elle présente le grand intérêt d'avoir été motivée par un grand souci esthétique et une originalité dans les représentations, les plus éclectiques possibles", assure le commissaire-priseur.

Parmi les lots proposés, la plus ancienne oeuvre mise en vente est une plaque de marbre du 18ème siècle représentant Vishnu et provenant d'un temple tantrique, un kamasutra indien, des bronzes de Pathan au Tibet, une pipe phallique en bois sculpté provenant de Thaïlande, des représentations érotiques d'Amérique latine ou d'Afrique sont aussi au catalogue, tout comme un automate musical français de la fin du XVIIIe siècle, représentant deux personnages en plein acte sexuel. Le clou de la vente est une imposante sculpture moderne en bronze de 1980 représentant une femme en plein coït avec un robot, estimé 7.000 à 8.000 euros.

Le Paris coquin déserté

Fondé en 1998 au coeur du quartier le plus chaud de Paris par deux amis, Jo Khalifa et Alain Plumey, une ancienne star du porno, tous deux fascinés par l'érotisme et ses représentations artistiques, le Musée de l'Erotisme accueillait chaque année quelques dizaines de milliers de curieux. Le propriétaire de l'immeuble a décidé de ne pas renouveler le bail et aucune solution viable ne s'est présentée pour réinstaller ailleurs cette institution muséale entièrement privée, version parisienne d'autres musées érotiques de référence comme le Venustempel d'Amsterdam et le musée du sexe de New York.

"On n'a jamais été aidés, ni par l'État ni par la ville de Paris. Il faut dire qu'avec un tel sujet, on imagine mal des élus nous soutenir. Et en France, la fréquentation touristique a vraiment baissé, y compris pour notre voisin Le Moulin Rouge. Il n'y avait pas de raison que nous soyons épargnés", indique Jo Khalifa. La débandade, en somme.

Musée de l'érotisme (72 boulevard de Clichy, 75018 Paris).

Xavier Allain avec AFP