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Jean Varela: la culture pour lutter contre "l'image funeste" de Béziers

Béziers, la seconde commune de l'Hérault.

Béziers, la seconde commune de l'Hérault. - Andrea Ciambra - Flickr.com CC

Biterrois, amoureux de sa ville et de ses alentours, le directeur de théâtre Jean Varela mise sur "la noblesse du service public de la culture" pour, dit-il, "sortir Béziers", dirigée par un maire proche du Front national depuis 2014, "d'une image funeste".

Directeur du théâtre "Sortie Ouest", installé au sein des 160 hectares du parc du domaine d'art et de culture de Bayssan à Béziers, géré par le conseil départemental PS, ce passionné pilote également la programmation du réputé festival de théâtre de Montpellier "Le Printemps des comédiens".

Petit-fils de réfugiés économiques espagnols, devenu comédien grâce à "l'ascenseur" de l'enseignement public, Jean Varela, 49 ans, arpente villes et villages de l'Hérault et multiplie les rendez-vous culturels: théâtre classique et contemporain, jazz, cirque... avec un seul crédo : "amener la plus grande exigence artistique au plus grand nombre", résume-t-il dans un entretien à l'AFP, et "rendre ce que la République lui a donné".

"Sortie Ouest", dont la programmation et le budget (1,6 M euros) ont été attaqués lors des élections départementales de 2015 par des candidats du Front national, "fait maintenant depuis dix ans un travail de service public, de rayonnement sur le territoire, d'éducation populaire avec un service éducatif, des compagnies en résidence", explique Jean Varela.

Un travail, poursuit-il, qui "mise sur l'intelligence, le sensible, la découverte, l'ouverture, l'international", "via des stages, des accompagnements au spectacle sur le long terme auprès de ce que l'on appelle des publics empêchés, et notamment sept ateliers de théâtre dans les écoles d'éducation prioritaire de Béziers".

Jean Varela décrit Béziers où le maire Robert Ménard convie ce week-end l'extrême droite, comme "une ville très paradoxale, avec beaucoup de gens en grande difficulté et beaucoup de gens prospères. Peut-être une image de la France avec ce grand fossé entre les deux et une classe moyenne de moins en moins présente, en tout cas en coeur de ville".

'Le théâtre à un euro pour les collégiens"

Selon lui, le choix d'"une politique tarifaire très basse avec un prix moyen de billet à 7,10 euros et un dispositif du département offrant le théâtre à un euro pour les collégiens" permet à des publics défavorisés de voir des spectacles de qualité.

"La situation fait que notre présence paraît de plus en plus nécessaire, même si évidemment la programmation n'est pas étalonnée à l'aune de la présence du maire de Béziers", juge le directeur de "Sortie Ouest" qui attire chaque année 35.000 personnes dans des théâtres de toile et de bois, conçus comme "des maisons où l'on vient discuter".

Jean Varela n'a pas de mots assez forts pour décrire le "patrimoine exceptionnel" de sa région d'origine, "ses vins extraordinaires", son "passé glorieux".

"Molière y a créé sa comédie Le dépit amoureux" et au 19e siècle, la ville était surnommée la "Bayreuth française" et accueillait des créations de Camille Saint-Saëns, rappelle-t-il.

Selon lui, "on n'a jamais vraiment totalement mesuré ce qu'a été pour Béziers la perte du centre dramatique national", parti à Montpellier au début des années 1980. Avec le départ des directions d'entreprises, y compris publiques à la même époque, "la ville s'est vidée petit à petit de cette classe moyenne supérieure qui fait le sang d'une vie économique", analyse-t-il.

"Redonner à ceux qui ont du talent à Béziers une fierté", c'est ce que Jean Varela a souhaité en montant, avec l'appui du département, une "très grosse opération à Sortie Ouest, dans le cadre du Printemps des Comédiens" en juin et juillet : l'installation pendant un mois du théâtre équestre Zingaro de Bartabas et sa dernière fantaisie baroque baptisée "On achève bien les anges" pour ses seules dates dans le grand Sud.

Une façon, explique-t-il, de "donner une image positive de Béziers, une image ouverte sur le monde et sur les autres".

la rédaction avec AFP