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Des Samouraïs dédiés à l'art

Boîte à thé en laque maki-e à décor aux huit ponts, attribuée à Igarashi Dôho Epoque Edo (XVIIe  siècle). Collection particulière

Boîte à thé en laque maki-e à décor aux huit ponts, attribuée à Igarashi Dôho Epoque Edo (XVIIe siècle). Collection particulière - -

La Maison de la Culture du Japon à Paris consacre une exposition à la culture des Samouraï. A voir jusqu'au 14 décembre 2013.

La Maison de la Culture du Japon à Paris, lieu de nombreuses expositions soignées avec l'obsessif attention au détail nippon, nous régale d'un regard édifiant sur les Samouraï comme hommes de culture raffinée.

L'on se rappellera que les guerres claniques se terminèrent vers le milieu du 17e siècle, avec la victoire des Tokugawa. Détail oublié, l'État japonais avait deux têtes hériditaires: l'Empereur, et le Shogun, ce dernier ayant été aboli en 1867 malgré l'alliance avec les Français.

Un sous-clan, mené par le seigneur Maeda, avait été du mauvais côté de la lutte intestine. Toutefois lorsqu'il rallia les Tokugawa, son clan se lança dans une quête artistique poussée, délaissant l'art de la guerre devenu inutile après la guerre civilo-clanique du milieu du 17e siècle, qui sévit au milieu de l'ère Edo (1603-1868).

Armures muées en objets d'art

L'idée du seigneur Maeda est de réaffecter l'industrie guerrière et les guerriers eux-mêmes à la poésie, le théâtre, et l'artisanat d'art. Cela se passa en deux phases: d'abord les armures se transmuèrent en objets d'art (voir image), puis ensuite les artisans se mirent directement à la marquetterie, le travail sur métal, la calligraphie, la construction de temples (pour les ordres monastiques hyper-puissants).

Finalement, Kanazawa devient une seconde capitale culturelle, et se développa en concurrence avec l'impériale Kyoto, ce qui au final a produit un style Kanazawa spécifique, et des cérémonies du thé kanazawiens, ainsi qu'une obsession pour le théâtre nô, aux différences plutôt imperceptibles pour les Occidentaux mais parfaitement comprises par les deux cours, l'impériale et la shogunale.

Le seigneur de Kanazawa continua son mécénat sous l'ère Meiji, et sous le régime militariste, mais avec l'occupation américaine ses biens furent appropriées d'office pour les pouvoirs publics, les administrateurs américains voulant en finir avec l'aristocratie d'avant-guerre (tout en maintenant l'Empereur).

Pèlerinage culturel

Le descendant dynastique, bien que dépossédé de ces apanages féodaux, a continué à veiller à cet ensemble à titre personnel, dans un Japon assez peu soucieux de conservation culturelle au lendemain de la guerre. Si bien que lorsque les pouvoirs publics s'éveillèrent à la chose. l'ensemble des œuvres était en bon état. Aujourd'hui, la ville de Kanazawa aux multiples mini-musées, reste un pélerinage culturel insuffisamment connu de la côte ouest du Japon, également peu connue.

La MCJP a transporté les plus belles pièces à Paris, pour nous présenter une concentration inédite de chef-d'œuvres habituellement éparpillées sur la ville de Kanazawa, dans le district plus large de Kaga. Paris reste donc une capitale culturelle grâce, en partie du moins, à cette ville et sa dynastie de seigneurs et d'artisans.

Harold Hyman