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Une série documentaire Netflix retrace l'histoire de Raël, "le prophète des extraterrestres"

La série documentaire "Raël: Le prophète des extraterrestres" sort sur Netflix le 7 février 2024.

La série documentaire "Raël: Le prophète des extraterrestres" sort sur Netflix le 7 février 2024. - Netflix

Une série documentaire consacrée à Raël, le gourou qui a affirmé avoir rencontré des extraterrestres dans les années 70, sort le 7 février sur Netflix. Elle revient notamment sur le mouvement qu'il a créé et ses dérives.

"C'est le Bernard Tapie des extraterrestres." C'est avec ces mots que le réalisateur Antoine Baldassari décrit Claude Vorihlon, connu du grand public sous le nom de Raël. Ce gourou qui a émergé dans les années 1970 est au cœur d'une série documentaire Netflix, Raël, le prophète des extraterrestres, en ligne le 7 février.

Antoine Baldassari et le journaliste Alexandre Ifi, auteurs du documentaire, reviennent pendant quatre épisodes sur la trajectoire de cet homme et de son mouvement, raëlien, classé comme une secte depuis 1995. Adeptes, critiques, journalistes ayant infiltré le mouvement et même Raël lui-même ont été interviewés pour ce documentaire.

Âgé de 77 ans, Claude Vorihlon habite désormais au Japon où son mouvement s'est étendu, comme cela a été le cas en Afrique.

Tous les soirs dans Le titre à la une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Raël: Netflix retrace la folle histoire de la secte des extraterrestres
21:56

Une rencontre racontée à la télévision

Claude Vorihlon apparaît pour la première fois dans l'espace public dans les années 60. À l'époque, il se fait appeler Claude Celler et tente de se faire connaître dans la chanson, notamment en imitant Jacques Brel. Il gagne un concours mais n'arrive pas à percer et décide donc de changer de voie.

"Au départ, il fait de la musique, ça ne marche pas. Ensuite il décide d'être pilote automobile, ça ne marche pas très bien. Il décide d'être journaliste automobile, il lance un magazine, ça ne marche pas très bien", raconte Antoine Baldassari au micro du Titre à la Une, le podcast quotidien de BFMTV.

Claude Vorilhon enchaîne les flops jusqu'à 1974, l'année où tout va changer pour lui. Âgé de 28 ans, il écrit une lettre au présentateur Jacques Chancel qui lui permet d'être invité dans son émission, le Grand Échiquier. Le jeune homme utilise ses longues minutes d'interview pour raconter ce qu'il prétend avoir vu en Auvergne, en décembre 1973: des extraterrestres.

"En me promenant à pied, j'ai vu quelque chose qui brillait dans le ciel. J'ai d'abord cru à un hélicoptère (...) une trappe s'est ouvert sous l'appareil, un escalier s'est déplié et des gens sont apparus", raconte-t-il sur le plateau de Jacques Chancel.

À l'époque, Claude Vorilhon n'a pas de contradicteur. Il déroule sa vérité, assure se dévouer à l'accueil des extraterrestres, lance un appel aux dons et récolte des cotisations. Adoré des médias, il raconte face à Philippe Bouvard en 1975 avoir une nouvelle fois fait la rencontre des extraterrestres.

L'annonce de la naissance du premier bébé cloné

Claude Vorilhon commence alors à être appelé le prophète Raël, "messager des elohim". Il écrit un ouvrage, Le livre qui dit la vérité, dans lequel il affirme que toutes les formes de vie sur terre ont été créées par des extraterrestres, les elohim. Son discours fascine un public manipulé et sous emprise qui lui donne toujours plus d'argent.

"C'est un showman (...) C'est le Bernard Tapie des extraterrestres. Il aurait pu vendre des télés, il aurait pu vendre n'importe quoi", assure Antoine Baldassari.

Au sein de son mouvement, des femmes appellées "anges" entretiennent des relations sexuelles avec lui. "Les 'gordons dorés' se sont les anges choisis par lui sur un certain nombre de critères, dont physiques. Ces jeunes filles signent un contrat dans lequel elles ne doivent pas refuser les avances sexuelles du gourou", explique un ancien adepte dans le documentaire.

Des scandales sexuels éclatent et des membres sont condamnés pour viol sur mineur, mais le mouvement raëlien continue. Le discours de Raël évolue, se tournant vers la science, et s'intéressant au clonage.

"En 2002, Brigitte Boisselier (la numéro 2 du mouvement, NDLR) annonce la naissance du premier bébé cloné au monde (...) Le monde entier réagit, les politiques réagissent, George Bush, Jacques Chirac. Il y a une énorme déception parce que le bébé cloné, on ne le voit jamais et on ne le verra jamais", explique Antoine Baldassari.

Construire une relation de confiance

Pour raconter cette histoire rocambolesque, Antoine Baldassari et Alexandre Ifi ont utilisé énormément d'archives du mouvement et surtout, ont interviewé ses membres (repentis ou non).

"J'ai envoyé un mail à l'organisation du mouvement raëlien et je leur ai proposé de faire une série. J'ai été convoqué une première fois sur Zoom, j'avais 4 personnes en face de moi. Puis tout d'un coup j'ai été reçu par Brigitte Boisselier, qui est la numéro 2 du mouvement. Ça a pris du temps, des semaines", se soutient Antoine Baldassari.

Au cours des semaines, le réalisateur a dû construire une relation de confiance avec les membres du mouvement raëlien. "Ils estiment être les victimes des médias. Moi je leur ai dit, je veux écouter votre récit car 50 ans ce n'est pas rien. En revanche, il y aura le récit de vos opposants, l'institution, les juges, les déçus."

Parmi les critiques recontrés: Georges Fenech. L'ancien juge et député français a notamment présidé les deux procès en pédophilie contre deux adeptes du mouvement et a dirigé la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, entre 2008 et 2012.

Raël "maîtrise l'art du spectacle"

Surtout, l'homme au centre de Raël, le prophète des extraterrestres, le gourou Claude Vorilhon s'exprime également dans la série-documentaire.

"On l'a eu au tout dernier moment, on avait déjà fini le tournage. Tout d'un coup, il a dit oui. Le Japon (où Raël habite, NDLR) était fermé en plein Covid donc on a contacté des techniciens français qui y habitent et pouvaient se déplacer dans le pays. (...) Je l'ai piloté depuis Paris", raconte le réalisateur.

"La déception, c'est de ne pas l'avoir rencontré. Car avec les Raëliens, c'est de les écouter qui a fait que les barrières sont tombées. Raël, qui maîtrise l'art du spectacle, est dans le contrôle", ajoute-t-il.

Cela n'a pas empêché le réalisateur de revenir sur l'origine du mouvement raëlien. "Ce que j'adore dans cette histoire, qui est complètement folle, c'est qu'elle raconte 50 ans de notre histoire", termine Antoine Baldassari. Une "histoire folle" à découvrir sur Netflix.

Marine Langlois