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"Formula 1: Pilotes de leur destin": comment la F1 séduit de nouveaux fans grâce à Netflix

Cette série documentaire Netflix, dont la saison 3 vient d'être dévoilée, emmène les téléspectateurs dans les coulisses des championnats de F1. Une formidable vitrine pour les sports mécaniques.

La Formule 1, aussi addictive que La Casa de Papel? Avec sa série documentaire Formula 1: Pilotes de leur destin, dont la saison 3 a été dévoilée vendredi, Netflix réussit son pari de raviver la passion du grand public pour le sport automobile.

Cette troisième salve d'épisodes invite le spectateur dans les coulisses de la saison 2020 du championnat de F1. Une édition forcément particulière, en raison de la pandémie de coronavirus, mais aussi composée de moments forts, notamment le septième sacre de Lewis Hamilton ou l'accident spectaculaire de Romain Grosjean, en novembre dernier, dont il est sorti indemne malgré l'incendie de sa voiture.

Stratégie marketing

La saison 1 de Pilotes de leur destin - dix épisodes consacrés au championnat du monde 2018 - est sortie en février 2019, quelques jours avant le début de la saison 2019, suivie d'une deuxième livraison en 2020. Elle fait suite au rachat des droits commerciaux de la F1 par le groupe américain Liberty Media, mettant fin à 40 ans de règne du Britannique Bernie Ecclestone. Finie l'ère de "l'exclusivité": la F1, au public vieillissant, ouvre ses portes pour s'assurer un avenir, d'abord sur les réseaux sociaux puis sur la plateforme de streaming qui lui propose de suivre les coulisses du championnat.

"C'est un des piliers de ce que nous avons tenté pour ouvrir le sport, toucher un public plus large, tout en continuant de servir les passionnés", déclare à l'AFP Ian Holmes, directeur des droits médiatiques pour le promoteur du championnat du monde, Formula 1.

"En haut de la liste" des visionnages

Netflix est connue pour ne pas divulguer ses audiences, mais le simple fait que Pilotes de leur destin (Drive to Survive, en VO) en soit à sa troisième saison prouve qu'elle a trouvé son public. Par ailleurs, Ian Holmes a des éléments d'information qui alimentent sa satisfaction: "Nous savons que le taux d'achèvement du visionnage de la série est très élevé, et ce en très peu de temps. Nous sommes en haut de la liste avec les polars et la cuisine".

"C'est très satisfaisant du point de vue de l'audience, mais surtout de sa nature", poursuit-il. "Le fan est touché, bien sûr, mais surtout le non-fan, le fan occasionnel ou l'ancien fan".

"C'est une des entreprises marketing les plus réussies de la part de la F1", abondait Jess McFadyen, directrice de la stratégie digitale du groupe de médias spécialisé Motorsport Network, lors d'un colloque virtuel mi-mars. "Les sports mécaniques sont parmi les moins accessibles, contrairement au football. La série en ouvre les portes."

"C'est devenu comme une série télé"

Formula 1 emmène les fans comme les néophytes au cœur des écuries et des rivalités qui les oppose, peuplées de personnages dignes de séries à suspense, de coups derrière le dos en espionnages. Paul Belmondo, ancien pilote, se félicite auprès de BFMTV de la caisse de résonnance du géant du streaming:

"Un passionné pur et dur de la Formule 1 n'a pas besoin de Netflix pour se lever à cinq heures du matin pour regarder une course. Mais pour une personne qui ne l'est pas, justement, le fait d'ajouter un peu de fiction, de musique, un côté dramatique, a fait que c'est devenu comme une série télé; les gens sont accrochés à ça."

Nouveau public

Toutes les écuries ont accepté les caméras de Netflix pour cette troisième saison, ce qui n'était pas le cas pour les premières. Même Mercedes et Ferrari jouent le jeu, qui en vaut la chandelle: l'AFP interroge plusieurs personnes qui se sont intéressées à la F1 après avoir découvert la série documentaire. Notamment Thomas, 34 ans, qui travaille dans la grande distribution et s'est mis à regarder la série sur les conseils d'amis.

"C'est intéressant de voir les personnalités parce que, à part leur casque, on ne connaît pas trop les pilotes. Le fait d'avoir vu les coulisses m'a attaché à eux et m'a donné envie de regarder à nouveau les courses", explique celui qui suit désormais les Grands Prix avec son fils de 4 ans, après avoir regardé les courses épisodiquement lorsqu'il était plus jeune.

Même engouement pour Mathilde, médecin généraliste de 27 ans, qui s'y est mise avec son compagnon durant le premier confinement: "Je lui disais: qu'est-ce que tu es relou avec ta Formule 1! Je n'étais pas très chaude", se souvient-elle, finalement conquise, car "on est vraiment dans l'immersion".

"Si quelqu'un ne se met pas à suivre le sport en direct, mais qu'il regarde 400 minutes de Pilotes de leur destin (la durée approximative d'une saison, ndlr), cela a quand même de la valeur", pointe Ian Holmes. "Ce sont toujours des fans et c'est une manière plus large de capter leur attention. Nous pouvons interagir avec eux. (...) Ils regardent, ils consomment. Et il y a beaucoup de sponsors visibles dans la série."

Lorène de Susbielle et Benjamin Pierret avec AFP