"Escort Boys": carton sur Prime Video pour la série française sur l'escorting

Mise en ligne fin décembre au moment des fêtes, la série réalisée par Ruben Alvens (La Cage dorée) a rencontré son public malgré une rude concurrence américaine.

C'est la création originale française la plus populaire du moment sur Prime Video, derrière le très musclé Reacher et le film controversé Saltburn: la série Escort Boys, sur une bande de potes qui tombent dans l'escorting (une forme de prostitution de luxe) pour sauver le domaine apicole de leur enfance en Camargue.

Une série inspirée par le programme israélien Johnny and the Knights of the Gailee, adaptée en France par Ruben Alvens, qui avait rencontré le succès il y a quelques années avec la comédie dramatique La Cage dorée avant d'explorer les dessous de Miss France dans la comédie Miss.

Avec cette série "très feel good", Ruben Alvens veut déconstruire la masculinité contemporaine et raconter comment les hommes peuvent se défaire des injonctions du patriarcat. "En France, sur ces sujets-là, il y a un petit retard", déplore le réalisateur lors d'une interview accordée à BFMTV.com.

Des corps bien luisants à l'écran

Encensée par une partie de la critique française, cette série a plu en inversant les rôles traditionnellement attribués aux hommes, qui sont ici objectifiés: "On a filmé certaines parties de leurs corps très significatives comme la chute de reins, les pliures du dos. On avait aussi une huile bien grasse pour que les corps soient bien luisants à l'écran."

Une inversion des rôles que l'on retrouve aussi dans les scènes de sexe. Dans un épisode, un homme hétérosexuel accepte d'explorer son plaisir anal. Une scène encore rare dans le paysage audiovisuel français, réalisée avec la complicité de l'acteur Guillaume Labbé, star d'Escort Boys vue dans la série Plan Cœur.

"On en a beaucoup parlé avec Guillaume. ll voulait casser les codes. Ce n'est pas parce qu'on a du plaisir anal qu'on est homosexuel. C'est un vrai sujet. Montrer un personnage féminin en domination qui prend du plaisir, aussi. C'est important que ce soit accepté. Je trouvais ça intéressant et moderne."

"Sex and The City" au masculin

Escort Boys espère être une sorte de Sex and The City au masculin en proposant "une série où des hommes parlent de sexualité entre eux": "Ces échanges entre hommes sur le plaisir, le sexe, l'érection, ce sont des choses dont les hommes n'arrivent pas à se parler entre eux, qu'ils n'osent pas aborder. Il n'y a pas assez de fictions sur ça."

Escort Boys essaye aussi de déculpabiliser le sexe: "Un de nos personnages est une petite boulangère adepte de "shibari" (le bondage japonais, NDLR). On ne juge pas les fantasmes et les désirs. On peut faire ça et être une bonne personne, faire un métier convenable. C'était le message de Zahia Dehar, qui nous a inspirés pour la série."

Une saison 2?

Ruben Alves dénonce une hypocrisie sur la représentation du sexe en France. "On est le pays de la liberté. On est connu dans le monde entier pour ça. Et en même temps, parler du plaisir est presque tabou. C'est très bizarre. Alors qu'on parle de sexe tout le temps! On est impudique et en même temps il y a de la pudeur dans la fiction."

"L'intime et la sexualité posent vraiment problème en fiction", déplore-t-il encore. "Cette espèce de puritanisme où on nous prend la tête parce qu'on voit un téton d'un garçon sur une affiche est assez faux cul alors qu'on voit tous les jours des bandes-annonces avec des horreurs, de la violence, des drogues."

Avec le succès de la saison 1, une suite est-elle déjà en préparation? Prime Video n'a pas encore commandé ces nouveaux épisodes, "mais le désir est là", a confié cette semaine à Allociné Ruben Alves. Objectif: mettre cette deuxième saison rapidement en boîte pour éviter "deux ans d'attente entre la saison 1 et la saison 2..."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV