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Aïssa Maïga signe "Regard noir", un documentaire sur la représentation des femmes noires à l'écran

La comédienne Aïssa Maïga au festival de Cannes en 2014.

La comédienne Aïssa Maïga au festival de Cannes en 2014. - Bertrand Langlois - AFP

La comédienne Aïssa Maïga a réalisé un documentaire sur la représentation des femmes noires à l'écran. Intitulé Regard noir, il est diffusé ce mardi sur Canal+.

Aïssa Maïga, signe avec la réalisatrice Isabelle Simeoni un documentaire intitulé Regard noir, sur la représentation des femmes noires à l’écran. Ce "road-movie documentaire à la recherche d'initiatives inclusives pour plus de diversité dans le cinéma" est diffusé ce mardi sur Canal+.

Dans la lignée de son livre Noire n'est pas mon métier, dans lequel l'actrice dénonçait les clichés racistes du milieu du cinéma, Aïssa Maïga a interviewé "talents, créateurs et experts" pour raconter comment les femmes noires sont représentées dans les fictions.

"Des rôles de prostituées, de nounous"

Interrogée par BFMTV en marge du festival de Luchon, qu'elle présidait jusqu'à dimanche, la comédienne évoque ainsi les rôles très stéréotypés, qui sont bien souvent proposés aux femmes noires.

"Dans l'histoire du cinéma français contemporain, les femmes noires ont souvent eu des rôles de prostituées, de nounous, de mamas avec des accents qui étaient censés faire rire", souligne-t-elle.

"Je n'ai pas eu envie de faire du cinéma pour interpréter des clichés. Or ce sont ces clichés-là qui m'ont été proposés dès mon arrivée dans ce métier", ajoute-t-elle, soulignant avoir eu très tôt "à coeur de nommer ces choses là de dire ce qui [lui] paraissait injuste".

Un jour, on n'aura plus à réfléchir à ces histoires de couleurs de peau et de différences", estime-t-elle, se réjouissant que l'acteur Michael B. Jordan puisse être envisagé pour camper Superman.

"On est responsable de ce qui se passe aujourd'hui"

Aïssa Maïga regrette également ce que l'on appelle le "white washing", et qui consiste à proposer à un acteur blanc un rôle de personnage qui ne l'est pas forcément, comme ce fut le cas pour Scarlett Johansson dans Ghost in the shell.

"Un acteur devrait pouvoir tout jouer, estime-t-elle. Mais dans un monde où les acteurs noirs sont souvent discriminés, le jour où on fait un biopic sur un personnage noir ou métisse, et que même cette opportunité est refusée à des acteurs qui pourtant se rapprochent du rôle, c'est vrai qu'il y a de quoi s'interroger sur des blocages".

"Le passé, on ne va pas le défaire, ajoute la comédienne de Il a déjà tes yeux. Et on ne pas reprocher aux gens d'aujourd'hui, le passé de leurs ancêtres. En revanche, on est responsable de ce qui se passe aujourd'hui. Je pense que le cinéma ne peut pas s'extraire de cette responsabilité-là, parce qu'en plus il a un rôle majeur dans la société."

Jean-Marie Marchaut avec Magali Rangin