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Pourquoi le procès de Gwyneth Paltrow passionne-t-il tant?

Gwyneth Paltrow le 21 mars à park City dans l'Utah, à l'ouverture de son procès.

Gwyneth Paltrow le 21 mars à park City dans l'Utah, à l'ouverture de son procès. - Rick Bowmer - AFP

L'actrice américaine comparaît depuis le 21 mars dans un tribunal de l'Utah. Terry Sanderson, optométriste à la retraite l'accuse de l'avoir renversé à ski en 2016.

Un accident de ski, une star hautaine et des caméras, tous les ingrédients sont réunis pour faire du procès de Gwyneth Paltrow un événement croustillant. La comédienne américaine comparaît devant un tribunal de l'Utah depuis le 21 mars.

Elle est accusée par un certain Terry Sanderson, un optométriste à la retraite, de l'avoir renversé à ski et d'avoir pris la fuite. L'homme assure que le choc lui a causé "une lésion cérébrale, quatre côtes cassées et d'autres blessures graves", et réclame 300.000 dollars de dommages et intérêts. Gwyneth Paltrow contre-attaque et demande un dollar symbolique.

Terry Sanderson avait intenté un premier procès à Gwyneth Paltrow en 2019, réclamant à l'actrice 3,1 millions de dollars (soit près de 2.9 millions d'euros) de dommages et intérêts, mais cette demande avait été rejetée par la justice.

Si ce procès est bien moins glauque que celui qui a opposé l'année dernière Johnny Depp et son ex-femme Amber Heard, il passionne presque autant le public, qui en suit chaque rebondissement.

Il faut dire que, comme pour le procès Depp-Heard, les audiences de Gwyneth Paltrow et des différents témoins sont entièrement filmés, comme le permet la loi aux Etats-Unis. Et les meilleurs moments font chaque jour les délices de la presse et des réseaux sociaux. Contrairement au procès Depp-Heard, cette affaire suscite surtout des réactions amusées, loin du déferlement de haine qu'avait connu l'actrice Amber Heard.

La personnalité de Gwyneth Paltrow

Si les enjeux de ce procès-ci sont bien moins dramatiques, la personnalité de l'accusée a de quoi passionner le public. L'actrice américaine, oscarisée pour son rôle dans Shakespeare in love, est en effet devenue une gourou du bien-être avec son site web et son magazine Goop, mais aussi un documentaire.

Gwyneth Paltrow est régulièrement critiquée pour les produits et de méthodes pseudo-scientifiques de bien-être qu'elle promeut. Certains sont jugés mensongers voire dangereux, comme les patch bien-être censés provenir de combinaisons spatiales ou les œufs vaginaux en pierre de jade, d'autres prêtent juste à sourire, comme ses bougies senteur vagin.

Sans être controversée, la personnalité de Gwyneth Paltrow est donc parfois moquée pour son snobisme. Comme lorsqu'elle a annoncé en 2014 sa séparation d'avec Chris Martin, évoquant un "conscious uncoupling", périphrase alambiquée pour parler d'un divorce.

Un look décortiqué

Lors de ses témoignages la semaine dernière et cette semaine, l'actrice n'a pas déçu, affichant un air tantôt ennuyé, tantôt dédaigneux. Du pain béni pour les internautes. Dès le premier jour du procès, le 21 mars, les lunettes qu'elle arborait lui ont valu des comparaisons avec le tueur en série Jeffrey Dahmer, à Adam Driver dans House of Gucci ou à "un méchant dans Columbo".

"C'est exactement le genre de lunettes d'aviateur des années 1980 que vous devez porter quand vous être poursuivi par un optométriste à la retraite", plaisante un internaute sur Twitter.

Le Wall Street Journal consacre tout un article à ce modèle de lunettes, populaire chez pour "les femmes âgées et élégantes qui cherchent à projeter un look dur mais cool".

Ses tenues sont décortiquées, comme ce look très XVIIe siècle, parfait pour un procès en sorcellerie. Le Guardian décortique dans un article le "chic milliardaire" de la garde-robe de l'actrice, qui semble tout droit sortie d'une publicité pour la marque italienne de luxe Loro Piana spécialisée dans le cachemire, surnommée "Uniqlo pour les milliardaires".

Ses activités, son look, tout comme son régime à base de bouillon ont fait d'elle l'incarnation d'une forme de grande bourgeoisie déconnectée. Une déconnexion illustrée par plusieurs moments de ce procès. Comme lorsque l'équipe de l'actrice a voulu offrir des "friandises aux huissiers pour leur aide".

Mais Gwyneth Paltrow n'est pas la seule à avoir offert des moment de grâce pendant ces auditions. Le plaignant s'est également largement ridiculisé lorsqu'il a expliqué avoir perdu goût aux dégustations de vins, à cause de l'accident de ski. Ou avoir vécu comme un reclus depuis cet incident, alors que de nombreux clichés publiés sur sa page Facebook l'ont montré voyageant aux quatre coins du monde. Il a également comparé Gwyneth Paltrow à King Kong.

La propre avocate de Terry Sanderson, Kristin VanOrman a provoqué l'hilarité, en jouant les fans auprès de l'actrice. L'interrogeant sur sa taille - Gwyneth Paltrow mesure 1,77 m - l'avocate a répondu "je suis jalouse, je dois porter des talons de 10 cm pour atteindre 1,65 m !".

Mèmes et objets dérivés

Une phrase en particulier, prononcée par la star, est devenue instantanément virale et l'objet de mèmes. Interrogée par une avocate sur ce qu'elle a perdu dans cette collision avec Terry Sanderson, Gwyneth Paltrow répond, l'air ennuyé, "eh bien j'ai perdu une demi journée de ski".

"Tout le procès a été écrit par Mike White", s'esclaffe une internaute sur Twitter, en référence au créateur de la série à succès The White Lotus, sur les déboires de riches vacanciers. "C'est un sketch de SNL", plaisante un autre.

"Gwyneth Paltrow n'a pas une Oscar pour Shakespeare in love, elle l'a eu pour 'eh bien j'ai perdu une demi-journée de ski".

La phrase et le visage attristé de Gwyneth Paltrow ornent désormais fort opportunément des t-shirts, des mugs et des coussins.

Les plaidoieries doivent s'achever ce jeudi et le jury commencer à délibérer dès vendredi. Au grand dam des fans, le procès de Gwyneth Paltrow est donc bientôt fini

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV