Victoires de la musique: pourquoi Stromae va tout rafler

Avec 6 nominations dont deux pour la meilleure chanson originale et le meilleur clip, Stromae est le grand favori des 29e Victoires de la musique.

Difficile de passer à côté cette année. Après Formidable, dont le clip et les accents bréliens avaient fait beaucoup gamberger les médias, Papaoutai et Tous les mêmes ont envahi jusqu'aux cours de récré. Les nominations aux Victoires de la musique dévoilées mardi le confirment: le chanteur belge Stromae a toutes les chances d'être le grand vainqueur de la soirée, le 14 février prochain.

Clip, album, chanson et artiste-interprète: Stromae, nommé dans quatre catégories, est sur tous les fronts. On le voit mal repartir sans une Victoire sous le bras. Voilà pourquoi.

> Il réconcilie tout le monde

"Parfaitement convaincant" pour Télérama, "innovant et émouvant" pour Le Point, Stromae "prouve qu'il a de l'endurance et pourrait tenir pour longtemps la distance", selon Libération. Paul Van Haver plaît à la fois aux critiques de musique les plus pointus et au grand public, ce qui est tout de même assez rare. Il a vendu 1,2 million d'exemplaires de son album Racine carrée, sorti en août dernier.

Son succès dépasse largement les frontières de l'Europe. Même le New York Times a brossé son portrait en octobre dernier, en le dépeignant comme un "dandy fluorescent, avec des nœuds papillon, des polos très colorés et des chaussettes hautes qui mélangent les sensibilités vestimentaires d’un gentleman de la campagne anglaise avec celles de l’underground électronique et celles du bush africain."

Selon Thierry Coljon, journaliste au quotidien belge Le Soir, cité par Rue89, sa crainte, c'est "l'indigestion". "Il voit venir le moment où, parce que les "beaufs" l’aiment aussi, les intellectuels le dénigreront."

> Il n'a pas pris la grosse tête

"On n'est jamais à l'abri de péter les plombs", rigole-t-il dans un entretien vidéo au quotidien belge Le Soir, en août dernier. Depuis, il a vendu plus de disques que le duo casqué Daft Punk et semble pourtant avoir gardé sa fraîcheur. "Vendre plus de disques que Daft Punk en France, je peux te dire que je ne m’y attendais pas, vraiment pas!", assure-t-il dans les Les Inrocks.

Son appréhension, c'est de perdre son authenticité: "J'avoue que c'est ma crainte", confiait-il en décembre dernier sur BFMTV. C'est un truc que je ne connais pas. Peut-être que je devrais discuter avec des gens qui sont passés par là, qui ont eu les lumières des projecteurs braqués à fond sur eux, mais j'avoue que c'est ma crainte".

En tout cas les groupies ne lui ont pas tourné la tête. On dit "plus chiant qu'une tournée de Stromae", plaisante-t-il dans un documentaire que lui a consacré Arte après la sortie de son premier album. "Y'a pas de meufs dans les loges, y'a pas d'alcool, y'a pas de drogue", raconte-t-il.

> Il bosse dur

Son crédo, c'est le travail. Son deuxième album, Stromae l'a concocté dans le grenier exigü de sa mère. Le chanteur tente à longueur d'interview de "démystifer le côté star qui est juste ridicule et de montrer qu'il y a du travail aussi."

Dans le documentaire d'Arte, on le voit discuter de tous les détails à chacune de ses apparitions, concert ou plateau télé. Il veut tout maîtriser de son image jusqu'à la couleur de ses chaussettes et au costume de ses danseurs. Il se décrit comme un "obsédé de la perfection". "Mais tout le monde est comme ça", croit-il.

> C'est le roi des réseaux sociaux

D'abord il y a les "leçons" qu'il distille sur le web depuis plusieurs années, petites séquences pleines d'autodérision où il présente ses nouveaux morceaux. Et puis ses clips, à l'image de Formidable, filmé en caméra cachée dans les rues de Bruxelles, créent l'événement ou en tout cas intriguent.

Quant à ses apparitions télévisées, à la mise en scène très étudiée, tout comme sa tenue, elles sont toujours largement relayées sur les réseaux sociaux. Stromae est aussi un maestro de la viralité sur Internet.

Magali Rangin