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Musique

Victoires de la musique: 30 ans de coups de gueule et d'émotion

Bertrand Cantat et Noir Désir aux Victoires de la musique en 2002.

Bertrand Cantat et Noir Désir aux Victoires de la musique en 2002. - Bertrand Guay - AFP

Les Victoires de la musique fêtent ce vendredi soir leur trente ans. L'occasion de revenir sur quelques moments forts, qui ont marqué la cérémonie.

En France on n'a pas la chance d'avoir Kanye West, qui n'a pas son pareil pour troller les Grammy Awards. Mais il arrive parfois que la cérémonie plutôt lisse des Victoires de la musique dérape, un peu. On garde ainsi quelques morceaux de bravoure, ou de malaise, de nos récompenses de la musique, qui fêtent leurs 30 ans vendredi. Quelques moments mémorables, autant de grains de sables venus gripper le déroulé de la soirée. Revendications d'intermittents, coups de gueule ou moments de grâce. Nous en avons retenu quelques-uns.

> 1999, I AM en mode indépendantiste

Ils débarquent cagoulés sur scène, à la façon des indépendantistes corses et accompagné de toute une bande en treillis militaire, pour chanter Independanza. Le groupe I Am fait sensation aux Victoires de la musique 1999. "On n’est pas des nationalistes, on revendique notre indépendance culturelle, lance Akhenaton à la fin du titre. On aime autant la France que ceux qui nous reprochent ce morceau […] ces gens-là ont des comptes aux Pays-Bas, en Angleterre, en Suisse".

> 2002 Noir Désir, lettre ouverte à Jean-Marie Messier

Nous sommes en 2002, Noir Désir est nommé dans cinq catégories pour son album Des visages des figures, dont le meilleur album rock. Bertrand Cantat, leader du groupe, en profite pour lire une lettre, adressée à Jean-Marie Messier, "notre PDG à tous, ou presque". "Nous n'avons pas demandé à faire partie de ce grand tout que tu diriges" égrène Cantat sur la scène des Victoires, dans une longue diatribe contre les grosses maisons de disque et le président de Vivendi Universal.

> 2009, Damien Saez "triste à mourir"

Alors que le public attendait sans doute que Saez chante, s'accompagnant à la guitare, il commence à scander un texte, lu dans un petit cahier noir. "Des parents sous anxiolytique dans les mines modernes, du gasoil dans la bagnole, rentrer la thune dans ta compagnie, des bénéfices aux actionnaires et toi qui galères pour payer des fringues à tes mômes, que t'es triste à mourir"... Un vrai happening de près de 10 minutes. 

> 2009, Alain Bashung une dernière fois

Couronné de nombreuses victoires de la musique au cours de sa carrière, Alain Bashung vient ce soir-là recevoir celle du meilleur spectacle, pour la tournée qui a accompagné album Bleu pétrole. Feutre sur son crâne lisse et lunettes de soleil, silhouette flottant dans un smoking, il est ému. "Ohlala, dit-il, qu'est-ce qu'on peut dire d'autre à part ohlala?". Il est très malade aussi, et meurt trois semaines plus tard.

> 2014 Zaz et les intermittents

Incompréhension, malaise, pour ces Victoires 2014. Si elle ne remporte pas de Victoire cette année -Vanessa Paradis lui souffle celle de l'artiste féminine- Zaz créé l'événement. La chanteuse de Je veux, refuse de plaider la cause des intermittents. Admettant seulement du bout des lèvres que "c'est super important qu'on soit reconnus", elle laisse Virginie Guilhaume se dépatouiller avec une lettre des intermittents, qu'elle découvre.

"Je n'avais que trois secondes pour réagir, c'est pourquoi j'ai pris la décision de le lire à sa place. Le problème, c'est que je n'en avais pas eu connaissance auparavant, sinon je n'aurais sans doute pas repris l'appel à manifester", racontera ensuite l'animatrice.

Magali Rangin