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Réduites au silence par le Covid, les salles de concert s'attendent à un "grand embouteillage" en 2022

Dans la fosse de Bercy avant le concert d'Indochine, le 29 mai 2021 à Paris

Dans la fosse de Bercy avant le concert d'Indochine, le 29 mai 2021 à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Les concerts annulés et reportés à 2022 vont créer un embouteillage dans les salles françaises. L'inévitable pénurie de salles, de matériel et de personnel, et le niveau de réservations encore faible, inquiètent les professionnels.

Après plus d'un an sans concerts, la cacophonie? Paralysé par la pandémie de Covid-19, le monde du spectacle reprend peu à peu ses habitudes. De nombreux spectacles et tournées qui devaient se tenir en 2020 et 2021 ont été reportés à 2022, tant et si bien que le planning de l'année s'annonce chargé. "Au Zénith de Paris, nous accueillons habituellement 150 concerts. Ce sera 220 en 2022", expliquait ainsi samedi aux Echos, Daniel Colling, exploitant des Zéniths de Paris, Nantes et Toulouse.

"C'est un véritable embouteillage qui va avoir lieu en 2022 mais aussi en 2023", confirme à BFMTV.com Aurélien Binder, directeur de Fimalac Entertainment et vice-président du Prodiss, le syndicat national du spectacle musical et de variété.

Aux dates reportées à 2022, - on ne les compte plus, entre Céline Dion, Elton John, ou encore Indochine et Maluma - s'ajoutent en effet les nouvelles créations, occasionnant un "effet accordéon". Sans oublier "les Anglo-Saxons, qui n'ont pas encore annoncé leur grand retour", mais disposent déjà "d'options" dans de nombreuses salles en France.

"L'énorme problématique, c'est qu'on a une offre comme jamais on a eu en France - et c'est sans doute le cas dans tous les pays du monde - et une pénurie claire de disponibilités dans les salles de spectacles", souligne ainsi Aurélien Binder.

Pénuries en série

Ce qui complique largement l'organisation de tournées. Sans compter que le personnel risque aussi de manquer. Car, comme dans la restauration, la pandémie a changé les habitudes et les attentes des employés du monde du spectacle, désormais moins enclins à se plier à des rythmes aussi exigeants.

"On s'aperçoit que l'après-Covid a marqué psychologiquement nos troupes. Nos salariés ont pris goût à des rythmes de vie différents", note ainsi Aurélien Binder. Le professionnel témoigne son inquiétude de "retrouver ces salariés opérationnels à l'heure de la reprise".

Et puis la pénurie qui s'annonce ne concerne pas seulement les salles et le personnel, mais aussi le matériel, tel que les camions, les bus de tournées et le matériel son, lumière et vidéo. Inutile de chercher à l'étranger, où le problème sera le même. "Tous les pays seront rigoureusement dans les mêmes problématiques que nous", assure Aurélien Binder.

Des années compliquées pour les artistes émergents

Dans le monde du spectacle, l'inquiétude est d'autant plus forte que malgré la profusion de l'offre de concerts, le public n'est, lui, pas encore au rendez-vous. "Il y a un petit frémissement à la hausse, mais on n'arrive pas à retrouver le niveau de ventes de billets d'avant", résume Aurélien Binder.

"On n'a jamais eu une offre aussi large et on a 50% de clients en moins", explique le vice-président du Prodiss.

Car le public a lui aussi changé ses habitudes de consommation, privilégiant les réservations de dernière minute, ce qui donne des sueurs froides aux gérants de salles, dont les contraintes de trésorerie sont importantes.

Enfin, autre effet collatéral de cet embouteillage de concerts, le lancement des jeunes artistes s'annonce compliqué en 2022 et 2023. Aurélien Binder craint un creux, avec la perte de certains artistes émergents pour les "deux-trois ans" à venir.

Magali Rangin