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Qui est DJ Snake, ce Français créateur de tubes au succès planétaire?

DJ Snake au Festival Coachella, le 12 avril 2019

DJ Snake au Festival Coachella, le 12 avril 2019 - Frazer Harrison - Getty Images North America - AFP

DJ Snake sort son deuxième album, fort d'une popularité planétaire toujours grandissante. Retour sur le parcours d'un nouveau David Guetta, que les stars américaines s'arrachent.

On ne l'a jamais vu sans ses lunettes et on l'a déjà entendu partout. Non, il ne s'agit pas de Gims, mais d'un autre faiseur de tubes made in France au look similaire: DJ Snake, star mondiale de la musique électronique. À 33 ans, il s'impose comme l'une des nouvelles figures de l'EDM à la française. La sortie de son deuxième album studio, Carte blanche, vendredi, a toutes les chances de le voir poursuivre son ascension. 

DJ Snake, William Grighacine de son vrai nom, gravit les échelons de la scène électro depuis plus d'une dizaine d'année. Cet autodidacte né à Paris en 1986, que le gratin de la pop américaine s'arrache, a atteint des sommets à force de détermination, de travail et grâce à quelques coups de chances. Retour sur son parcours. 

Né à Paris, élevé en banlieue

DJ Snake a grandi dans une cité HLM de Ermont puis au Plessis-Bouchard (Val d'Oise). Le Monde rapporte que son père, français, quitte le domicile familial lorsqu'il est âgé de deux ans, le laissant seul avec son petit-frère et leur mère, algérienne. Cette dernière cumule les emplois de femme de ménage et de nourrice pour les élever. 

Très jeune, il tombe dans la musique comme Obélix dans la potion magique. De l'électronique au rap en passant par le funk, il se nourrit de ses découvertes et des goûts familiaux, comme le raconte le quotidien. Il commence à composer ses propres morceaux:

"Je ne suis pas musicien, j'ai appris tout seul, j'y ai passé des nuits blanches", explique-t-il au Parisien. Il se met au graffiti et quitte l'école à 17 ans: "Je n'ai aucun diplôme, ni bac, ni BEP. Je n'étais pas mauvais à l'école, mais je m'ennuyais et j'avais du mal avec les règles."

Il trouve un travail dans un magasin de disques à Châtelet: "J'ai rencontré là-bas toutes mes idoles de l'époque. De Cut Killer, en passant par DJ Abdel, Bob Sinclar, DJ Mehdi... Moi j'étais passionné, j'étais à fond là-dedans", se souvient-il auprès de Konbini

Débuts dans l'ombre

Cut Killer le prend sous son aile. DJ Snake intervient en radio et se produit dans des boîtes, le tout en gardant une hygiène de vie irréprochable ("Je n'ai jamais bu d'alcool, jamais fumé de cigarette ni pris de drogue", assure-t-il au Parisien). Le phénomène prend de l'ampleur au début des années 2010, lorsqu'il est mis en contact avec une pointure américaine: 

"C'est mon manager Steve, de l'époque, qui rencontre Clinton Sparks, un DJ américain, raconte-t-il à Konbini. "Au culot, il lui donne un CD. Il nous rappelle un mois plus tard en disant "j'ai écouté les instrus, il y a vraiment des trucs bien, est-ce qu'on peut se voir bientôt pour en parler ? (...) Ça a commencé comme ça: on a commencé avec Big Sean, on a fait des trucs pour Lady Gaga."

Pour cette dernière, il produit Government Hooker sur l'album Born This Way, puis co-écrit Sexxx Dreams, Do What U Want et Applause sur son opus suivant, Artpop

Coqueluche des stars US

Les tubes s'enchaînent, notamment avec Turn Down For For What en 2013. Un tournant arrive arrive en 2015. Il s'associe aux américains de Major Lazer et à la chanteuse danoise MØ pour signer Lean On, méga-tube planétaire qui s'impose indiscutablement comme le tube de cet été-là. La machine est définitivement lancée et, comme David Guetta avant lui, DJ Snake devient le DJ français après lequel courent les stars de la pop américaine. 

En 2016, Justin Bieber pose sa voix sur le carton Let Me Love You. Deux ans plus tard, en 2018, il fait danser le monde entier sur Taki Taki. Un titre événement qui réunit Ozuna, Cardi B et Selena Gomez. Il s'est plusieurs fois produit lors du prestigieux festival californien de Coachella

Cette année, en plein dans la mouvance latin pop, c'est avec le titre Loco Contigo en collaboration avec J. Balvin et Tyga qu'il tente de s'imposer comme tube de l'été

Des chiffres étourdissants

Outre les nombreuses certifications disque d'or, de platine ou de diamant des titres de DJ Snake, un simple coup d'oeil sur les réseaux sociaux confirme sa popularité. Sur YouTube, ses vidéos cumulent 4,4 milliards de vues, et fédèrent 15,8 millions d'abonnés. À titre de comparaison, David Guetta, le français le plus suivi sur la plateforme, compte 20,6 millions d'abonnés. 

Même succès du côté du streaming. En octobre dernier, il est devenu le premier artiste français dont deux chansons dépassent le milliard d'écoutes sur Spotify: Lean On et Let Me Love You

Ambassadeur de la France "mélangée"

DJ Snake multiplie les coups de com' symboliques et patriotes: en 2017, deux ans avant que PNL ne tourne le clip de Au DD au sommet de la Tour Eiffel, il donne un concert-surprise sur le toit de l'Arc de Triomphe pour dévoiler le titre A Different Way. En juillet 2018, il est choisi pour mixer lors de la Garden Party de l'Élysée en l'honneur des Bleus, au lendemain de leur victoire lors de la Coupe du monde de football. 

S'il vit à Miami depuis 2009 et collabore essentiellement avec des artistes anglo-saxons, DJ Snake a conscience qu'il représente la France dans laquelle il a évolué: une société diverse, inclusive et multi-culturelle. 

"Mon père est français, ma mère est algérienne. J'ai grandi à Paris. On est tous mélangés. Plein d'origines différentes, plein de styles différents", décypte-t-il pour Konbini. "J'ai fait des soirées hip-hop comme j'ai fait des soirées gays à Paris (...) À Paris, tu vas à Belleville, il y a les Tunisiens. Tu vas à Gare du Nord y a les Sri-lankais. Tu vas à Barbès, les Algériens. Tu vas à Château-Rouge, c'est les renois (...) On a une ville qui est très mélangée. Et moi je suis un produit de cette ville. Ça peut paraître chauvin, vu de l'extérieur, mais je représente ma ville et mon pays."
Benjamin Pierret