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Musique

Paris: 100 bars appellent à boycotter la Fête de la musique

Des bars parisiens appellent au boycott de cette Fête de la musique 2014.

Des bars parisiens appellent au boycott de cette Fête de la musique 2014. - -

Afin de protester contre une politique jugée répressive envers eux, des patrons de bars ont décidé de boycotter la Fête de la musique en fermant samedi leur établissement.

Paris est-elle devenue une ville "bistrophobe"? Si les cafés font encore la réputation de la capitale, leurs patrons, eux, broient du noir: ras-le-bol de ne pas être entendus par la mairie et de "se faire emmerder" par une poignée de riverains bien déterminés à en découdre avec les noctambules, 364 jours sur 365.

Ce samedi 21 juin, jour de la Fête de la musique, une centaine de bars parisiens fermeront donc leurs portes pour protester contre ce qu'ils nomment "la politique anti-convivialité" de la ville.

L'affiche de l'appel au boycott
L'affiche de l'appel au boycott © -

"Des riverains procéduriers"

A l'origine de ce boycott, Clément Léon, le "maire de la nuit" à Paris, ainsi que "Village Timbaud", une association de commerçants du 11e arrondissement. Après des années de médiation et d’efforts pour limiter les nuisances (comme des travaux d'insonorisation, la mise en place de sondes etc.), ils s'estiment trahis: les fermetures administratives ne cessent d'augmenter.

Du coup, fermer un quartier le jour d'une fête populaire représente à leurs yeux un bon moyen de pression, même si le manque à gagner risque de se faire ressentir. "C’est un sacrifice pour ces patrons", reconnaît-on, "mais on ne va pas attendre que toutes les terrasses soient fermées pour agir".

"La mairie avait promis de changer le visage de la nuit parisienne. Or, il n'en est rien. C'est pire même", constate l'élu de la nuit. "La municipalité préfère faire confiance à des associations de riverains procéduriers, que de nous écouter, nous, véritables acteurs des soirées parisiennes et vecteurs de croissance économique", fait-il encore remarquer.

En effet, la "nuit" représenterait quelque 600.000 emplois dans la capitale, soit près de 40% du marché. Le chiffre retient l'attention dans un contexte de crise économique.

Rideau noir en signe de deuil

Concernant la carte des bars fermés samedi 21 juin, c'est le 11e arrondissement qui devrait voir le plus grand nombre de rideaux baissés, avec une cinquantaine d'établissements dans le secteur Timbaud-Saint-Maur-Oberkampf. On pense même à afficher un rideau noir en signe de deuil. Ailleurs dans Paris, une autre cinquantaine de patrons de bars auraient également décidé de leur enjoindre le pas.

Quant à ceux qui soutiennent le mouvement sans pouvoir se permettre de fermer un jour qui promet d'être rentable, ils boycotteront symboliquement la musique. Et pas moyen de déroger à la règle: "Pas de musique, pas de groupes, pas de concerts, pas de DJ, pas même un i-pod", prévient Clément Léon.

Du côté des autorités, on semble avoir entendu la petite musique de l'appel au silence: le maire de la nuit et l'association "Village Timbaud" seront reçus en urgence vendredi à l'Hôtel de Ville... Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate UMP malheureuse à la marie de Paris, a également demandé à les recevoir.

Mélanie Godey