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Musique

Olivia Ruiz revient avec ses chansons "engagées poétiquement"

Olivia Ruiz en avril 2015

Olivia Ruiz en avril 2015 - Loic Venance - AFP

Après huit ans d'absence, l'artiste révélée par l'émission Star Academy et popularisée par son hit La femme chocolat au début des années 2000 fait son retour en musique avec un nouvel album baptisé La réplique, qui sort ce vendredi.

Après huit ans d'absence discographique, Olivia Ruiz revient avec un album fécond en chansons "engagées poétiquement", comme elle le dit à l'AFP, entre questions migratoires ou environnementales et liberté des femmes à disposer de leur corps.

Le premier morceau, La réplique, donne son titre au disque qui sort vendredi. L'artiste, rencontrée à Paris par l'AFP, y exhorte notamment à "cesser de nous réduire (les femmes) à des machines à enfanter".

Comme un droit de réponse à l'appel d'Emmanuel Macron au "réarmement démographique". "Et pourtant, 'La réplique', c'est une chanson que j'ai créée il y a une paire d'années", confie-t-elle.

"On est une putain d'armée"

Cette mère d'un garçon de 8 ans - inspiration de la nouvelle chanson Le sel - se fait aussi l'écho de toutes celles "qui refusent d'être la réplique de la réplique de la réplique", comme le dit la chanson.

"Nous, les femmes, on est plus fortes qu'on ne le pense. On est une putain d'armée comme on peut le voir sur les réseaux et, dans ce morceau, j'exprime aussi ma gratitude aux femmes qui portent nos combats".

Ce titre préfigure un disque qui pousse plus loin le curseur de la musique électro-latino chez la quadragénaire révélée par l'émission Star Academy et popularisée par son hit La femme chocolat au début des années 2000.

"Je suis allée la chercher, cette liberté dansante. Je voulais une musique qui aille vers un mouvement des hanches", raconte-t-elle.

La question migratoire au cœur du projet

La question migratoire revient dans les morceaux Abuelo (Grand-père en espagnol) et A toi. Le premier renvoie à son histoire familiale et des grands-parents qui ont fui l'Espagne franquiste pour s'installer de l'autre côté des Pyrénées.

Cette réflexion sur les racines et le déracinement traversait déjà les deux romans à succès de l'artiste, La commode aux tiroirs de couleurs et Ecoute la pluie tomber. L'exil et l'accueil furent aussi abordés dans Bouches Cousues, son récent spectacle musical.

"Avec 'Bouches cousues', on rendait hommage aux migrants sur scène quand la guerre en Ukraine a éclaté et, là, le spectacle est devenu plus lourd mais aussi plus beau à porter, a pris une résonance complètement différente", dit-elle.

L'actualité rattrape encore Olivia Ruiz avec la chanson A toi, hymne à la tolérance à l'opposé de la tentation du repli sur soi qui a hérissé les débats autour de la récente loi sur l'immigration.

A toi parle "des migrants, mais s'ouvre sur tout parcours un peu plus dur qu'un autre, comme celui d'une personne transgenre, par exemple". "Il suffit d'une main tendue vers l'autre. Chez moi, c'était toujours: quand il y en a pour quatre, il y en a pour cinq."

"Jeff Bezos va prendre cher, comme nous tous"

Le morceau La Pachamama se penche sur une planète bouleversée par les changements climatiques et l'exploitation industrielle des ressources naturelles. Là aussi, cette chanson écrite il y a quelque temps trouve une correspondance avec la décision du gouvernement de mettre sur pause le plan national de réduction des pesticides, ce qui fait bondir les ONG environnementales.

La Pachamama, cette "Terre-Mère" dans l'imaginaire inca, Olivia Ruiz la dessine en version Hellboy, créature fantastique des comics à succès ensuite transposée au cinéma.

"La Pachamama, je la vois comme une divinité qui devient un monstre sous tous ces coups de poignards qu'on lui a donnés pour lui voler tout ce qu'on a pu", brosse l'artiste.

Face aux dérèglements de la planète, "on sera tous à égalité, pour le pire malheureusement. Jeff Bezos (fondateur d'Amazon et parmi les premières fortunes mondiales, NDLR), il va prendre cher, comme nous tous". Ce morceau qui claque ouvrira ses futurs concerts.

CL avec AFP