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Mort de la chanteuse Linda de Suza à l'âge de 74 ans

La chanteuse Linda de Suza en 1985 à Paris.

La chanteuse Linda de Suza en 1985 à Paris. - Eric Piermont - AFP

La chanteuse portugaise Linda de Suza, connue pour ses titres en français et en portugais, est morte à l'âge de 74 ans des suites d'une insuffisance respiratoire.

La chanteuse portugaise Linda de Suza, connue pour ses titres en français et dans sa langue d'origine, est morte à l'âge de 74 ans. C'est son agent qui l'a annoncé à l'AFP ce mercredi.

"Son fils Joäo Lança et moi-même, avons la douleur de vous apprendre le décès ce matin à 10h10" de Linda de Suza, a écrit Fabien Lecœuvre dans un communiqué.

La chanteuse s'est éteinte à l'hôpital de Gisors dans l'Eure, "où elle avait été transférée très tôt ce matin même, pour insuffisance respiratoire et positive au Covid 19", précise encore le communiqué.

"Elle était malade depuis quelques mois", évoque Fabien Lecœuvre sur notre antenne. "Elle a attrapé le covid dans sa maison de retraite, où elle était aujourd'hui."

La Valise en carton

En 1984, la jeune femme crève l'écran de l'émission de variété Champs-Elysées, en racontant à Michel Drucker comment elle a clandestinement franchi la frontière franco-espagnole à pied en 1969, son petit garçon João sous le bras, avec pour seul bagage une valise en carton, pour fuir "une famille tyrannique" dans le très conservateur Portugal de Salazar, où les filles-mères comme elle n'étaient pas tolérées.

Dès le lendemain, les téléspectateurs bouleversés se précipitent chez leur libraire pour réclamer "le livre de la chanteuse qui est passée chez Drucker".

Déjà populaire avant l'émission, Linda de Suza, de son vrai nom Teolinda Joaquina de Sousa Lança, née le 22 février 1948 à Beringel, au sud du Portugal, change de dimension. Les ventes de son autobiographie explosent: deux millions d'exemplaires.

Père alcoolique, mère malveillante

Elle écrit comme elle parle, un style sincère et extatique, sans épargner aucun détail au lecteur. Son enfance où elle s'occupe de ses sept frères et soeurs, sous l'autorité d'un père alcoolique et d'une mère malveillante.

Puis le pensionnat, la rencontre à 16 ans avec le père de son enfant, qu'elle refusera d'épouser, l'exode. "Mes copines avaient reçu l'interdiction de me parler. J'étais la honte du hameau...".

En France, c'est le bidonville d'Ivry-sur-Seine, le travail dans une conserverie du Kremlin-Bicêtre, puis comme femme de chambre à Paris.

En échange d'"un bol de soupe", si l'on en croit la légende, elle chante Chez Louisette, un bistrot des puces de Saint-Ouen, où elle reprend Amalia Rodrigues, reine du fado.

"Un jour, un compositeur passe par là et séduit par ma voix, me fait enregistrer une chanson intitulée Le Portugais", raconte-t-elle. Premier passage chez Drucker en 1978: 400.000 ventes.

Chansons sentimentales

Entre variété française et chansons sentimentales portugaises, elle vendra, essentiellement en France, des millions de disques tout au long de sa carrière, conduite par son producteur, Claude Carrère, le pygmalion de Sheila.

Sa recette: des rengaines entêtantes - comme le refrain reggae de Tiroli Tirola - et des textes où elle s'identifie à son public: "Comme vous j'ai ma vie, j'ai mes joies et mes peines. Et de petits soucis, moi aussi, comme vous."

Linda de Suza enchaîne les tubes, tels que Uma moça chorava, Tiroli-tirola, vendu à plus de 500.000 exemplaires, Un enfant peut faire chanter le monde, Chuvinha (Petite pluie).

Elle remplit l'Olympia pour deux séries de concerts en 1983 et 1984, puis enchaîne les émissions pour promouvoir son autobiographie. Les fans affectionnent son sens de la formule, elle qui répète à l'envi, être passée "de l'aspirateur au micro" ou "de femme de chambre à femme du monde".

En 1986, La valise en carton devient une comédie musicale avec Jean-Pierre Cassel, sous la houlette de Maritie et Gilbert Carpentier. Mais malgré une intense campagne de presse, le Casino de Paris sonne vide. La chanteuse multiplie les malaises pour surmenage, qui contraignent le producteur Jean-Claude Camus, furieux, à mettre fin aux représentations.

Dernière tournée avec Âge tendre

Sa famille l'accuse parallèlement d'avoir volontairement noirci sa vie. Première traversée du désert. C'est Michel Drucker, encore lui, qui lui redonne sa chance en 1988 et l'invite à défendre un nouveau disque et son dernier livre, "Je vide ma valise", où elle critique l'industrie du spectacle.

La même année, sa vie est à nouveau adaptée, avec succès, dans un feuilleton télévisé en six épisodes. Mais le public la boude et n'achète plus ses disques. "Il n'y a plus un franc dans ma valise en carton !", révèle-t-elle en 1997. "Tout le monde m'a dépouillée...".

Jusqu'à la fin de sa vie, elle assurera avoir été victime d'escroqueries, d'usurpations d'identité et d'erreurs administratives. Elle fera partie entre 2015 et 2017 de la tournée "Âge Tendre", rassemblant des chanteurs à succès des années 1980.

M. R. avec AFP