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Musique

Mort de Gérard Jouannest, compositeur de Ne me quitte pas et mari de Juliette Gréco

Gérard Jouannest et Juliette Gréco en 2007.

Gérard Jouannest et Juliette Gréco en 2007. - Eric Fefferberg - AFP

Le pianiste, époux de Juliette Gréco, avait travaillé avec Jacques Brel. Il s'est éteint à l'âge de 85 ans.

Le pianiste Gérard Jouannest, compositeur de Ne me quitte pas" et époux de Juliette Gréco, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à Ramatuelle dans le Var. Il était âgé de 85 ans.

Après des études de piano classique au Conservatoire de Paris, Gérard Jouannest a d'abord travaillé avec Jacques Brel, qui le pousse à devenir compositeur. En février 1968, il devient l'accompagnateur de Juliette Gréco, une collaboration qui ira bien au-delà de la musique puisqu'il épousera la chanteuse en avril 1988.

Fils d'ouvrier, originaire de Vanves, Gérard Jouannest se destinait à une carrière de pianiste classique après avoir étudié notamment avec Yvonne Lefébure, épouse du compositeur Olivier Messiaen. La mort brutale de son père en décide autrement, et contraint de subvenir aux besoins de la famille, il entame en 1957 une carrière d'accompagnateur avec le groupe Les Trois Ménestrels.

"Monsieur Gréco"

Pour Gérard Jouannest, le moment de bascule d'une carrière artistique qui était destinée à rester dans la musique classique survint en 1959, lorsque le producteur Jacques Canetti lui fit rencontrer Brel, alors à la recherche d'un accompagnateur.

"Ne me quitte pas/Il faut oublier/Tout peut s'oublier": par ces mots, Brel, traumatisé par une séparation amoureuse, tient l'entame d'un des plus célèbres morceaux, et ne le sait-il pas encore, de l'histoire de la chanson française. Car derrière, des notes au piano l'accompagnent, imposant un contrepoint qui magnifie la mélodie.

Tout est déjà là dans le talent si subtil de Jouannest, qui, ironie de l'histoire, n'a pas été crédité dans Ne me quitte pas, puisqu'il n'était pas encore inscrit à la Sacem.

Leur amitié dépassera le travail, au point que Brel, qui a décidé d'arrêter de chanter, lui change la vie une seconde, en lui faisant rencontrer Juliette Gréco en 1968, à qui le duo à écrit On n'oublie rien. L'heureux hasard a fait le reste: Barbara a annulé une tournée à laquelle devait participer Jouannest, tandis que le pianiste de Gréco a été hospitalisé.

La "muse de Saint-Germain-des-Prés" fait alors appel à Jouannest. Ils ne se quitteront plus.

Ensemble ils créeront un répertoire riche d'une centaine de chansons, parmi lesquelles Mon fils chante, Vivre, Les années d'autrefois ou encore Un jour d'été.

Leur relation, longue de 48 ans et qui se voyait encore sur scène en 2016 lorsqu'il l'accompagnait, avant qu'un accident de santé ne l'oblige à arrêter sa tournée, a dépassé le cadre professionnel, puisqu'il épousa la chanteuse en avril 1988.

De Brel à Abd Al Malik

Artiste engagé à gauche, qui avait soutenu la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, Gérard Jouannest était à l'affût des nouveaux talents.De Brel à Abd AL Malik

Celui qu'on surnommait "Monsieur Gréco", avait fait appel pour les derniers albums enregistrés de la femme de sa vie, à la nouvelle scène française incarnée par Miossec ou encore Benjamin Biolay au début des années 2000.

En 2006, il avait notamment collaboré avec Abd al Malik pour son deuxième album qui le révéla "Gibraltar". Passionné et généreux, il rendait un immense hommage au jeune artiste, médusé face à lui lors d'une interview sur RFI.

"C'est comme avec Brel: il y a plein de choses que je lui jouais sur lesquelles il n'a pas écrit. Si ça n'enclenchait pas au départ, c'était foutu. Tous les jours en répétition, je jouais n'importe quoi. Et puis parfois: +rejoue-moi ça+. J'ai travaillé avec beaucoup d'auteurs depuis Jacques. Il n'y a qu'avec Malik que j'ai revécu ça. Quarante ans après".

M.R. avec AFP