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Musique

Molière, star de comédie musicale en slam et en rap

Au Palais des sports jusqu'en février, la comédie musicale Molière l'opéra urbain, célèbre le dramaturge comme une rock star.

"J'ai choisi mon destin: je serai comédien !" Pour le 350e anniversaire de sa mort, Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, est célébré en rock-star, en rimes, slam et rap, dans un ambitieux spectacle musical signé Dove Attia pour le livret et Ladislas Chollat pour la mise en scène.

A la fois comédie, drame et romance, le spectacle, à l'affiche à Paris au Palais des sports jusqu'en février avant une tournée, raconte "l'histoire extraordinaire de Molière avant Molière", de ses débuts jusqu'à sa consécration chèrement gagnée, puis sa disparition, le 17 février 1673, à l'âge de 51 ans, après une représentation de son Malade imaginaire dans le rôle-titre.

"Ce que j'aimerais que l'on retienne, c'est l'aventure d'un homme passionné, toujours actuel par ses textes, qui est allé au bout de ses rêves. Molière a été avant-gardiste, provocateur, visionnaire, donc indémodable", souligne Dove Attia à l'AFP. Depuis 2000, ce dernier enchaîne les comédies musicales à succès avec Les Dix Commandements, Le Roi Soleil ou Mozart, l'opéra rock, réunissant au total près de 8 millions de spectateurs, selon la production.

"Ce 'Molière' a été le plus compliqué de tous mes spectacles, avec un long chemin d'écriture pour relever le mieux possible cet énorme défi", ajoute le dramaturge, qui s'est inspiré d'une biographie de l'écrivain et chroniqueur de radio Christophe Mory.

Molière, le spectacle musical réunit une trentaine de comédiens, chanteurs et danseurs en costumes d'époque et démarre au lendemain de la mort de Louis XIII, "le moment où le destin de Jean-Baptiste Poquelin bascule". A 21 ans, le futur Molière s'affranchit de son père tapissier du roi, qui veut en faire son successeur, préférant créer une troupe de théâtre.

Marquises en patin à roulettes

A la manière d'un opéra, une cinquantaine de chansons, dont des titres prometteurs comme Regardez-moi, Rêver j'en ai l'habitude et Tu finiras par tomber, se succèdent. Molière est campé par le chanteur canadien Petitom, entouré d'une troupe métissée, débordant d'énergie et réunissant plusieurs artistes révélés par l'émission The Voice, dont Abi Bernadoth dans le rôle du Prince de Conti, premier protecteur de Molière avant de devenir l'un de ses pires ennemis.

L'impressionnant décor est constitué d'astucieuses passerelles mobiles. Au deuxième acte, le Palais des sports de Paris se transforme comme par magie en théâtre royal. Pour actualiser ce Molière 2023, des marquises sont en patins à roulettes et la starisation du célèbre dramaturge est immortalisée par des photographes en habits de cour.

Ladislas Chollat, qui va monter Les Misérables au Châtelet en 2025, signe une mise en scène captivante. La mort de Molière est l'occasion d'un moment particulièrement réussi: tous ses personnages, de Scapin à Sganarelle en passant par Harpagon, Monsieur Jourdain et Toinette, lui offrent une ultime ovation.

"Un gars un peu fou"

"Je ne pouvais pas passer à côté de cette incroyable aventure avec Molière, dont la stature m'a un peu écrasé au début. Avec Dove Attia, on a voulu montrer Molière qui ne sait pas qu'il est Molière, un gars un peu fou, un homme pressé qui devient comédien, chef de troupe puis auteur", souligne le metteur en scène, dont c'est le troisième spectacle musical, après Résiste autour des chansons de Michel Berger en 2015 et "Oliver Twist" d'après Dickens l'année suivante.

Pour Dove Attia, l'important était de "rendre Molière compréhensible pour les jeunes générations". "Mon plus grand bonheur, ce sont les enfants qui se passionnent pour Molière après le spectacle !", dit-il.

M. R. avec AFP