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"Le rap a été créé pour dénoncer": Kalash Criminel de retour avec l'album "Bon Courage Vol.1"

Le rappeur de Sevran revient ce vendredi 23 février avec un troisième album studio. Il se confie à BFMTV.com sur la création de ce disque et sur l'importance de son engagement en tant qu'artiste.

Kalash Criminel "avait envie de rapper". Deux ans après la sortie de SVR, son projet commun avec Kaaris, l'artiste congolais originaire de Sevran est de retour ce vendredi 23 février avec un nouvel album baptisé Bon Courage Vol.1.

Sur ce troisième projet studio, le rappeur cagoulé qui s'est fait connaître grâce à son flow incisif ainsi que ses textes engagés et hardcores, conserve la recette qui a fait son succès et revient avec un discours toujours plus politisé, parsemés de nombreuses métaphores et références à l'actualité et aux problématiques sociales et internationales.

"J'avais envie de repartir en solo avec un album assez rap, qui revendique des choses et j'étais inspiré", confie Kalash Criminel à BFMTV.com.

"À la base le rap, ça a été créé pour dénoncer et revendiquer et ça a toujours été le rap que j'aime", rappelle l'artiste, bercé plus jeunes par Despo Rutti, Kery James ou encore Lino.

"J'aime pas l'injustice et souvent, il y a des thèmes, des peuples ou des causes dont on ne parle pas. Et moi, grâce à Dieu, j'ai de la notoriété donc je peux mettre pas mal de problèmes et de sujets en lumière", poursuit-il.

Pour Kalash Criminel, ces textes engagés lui permettent également de se "démarquer" des autres artistes actuels: "la nouvelle génération c'est pas forcément des rappeurs qui revendiquent donc ça me permet de ne pas faire la même chose que les autres."

"Je n'aime pas les albums qui se ressemblent"

Dans ce nouvel album, Kalash Criminel s’est fait plaisir en s’essayant à de nouvelles sonorités. On retrouve ainsi la trap qui l'a fait connaître mais également quelques prises de risques avec des morceaux boom bap tels que Le Recrutement de Ben Laden, mais aussi de la jersey drill, avec Viens que j'te frappe, ainsi que de la 2 step sur Kiss and Fly.

"Je suis quelqu’un qui aime les défis et je n'aime pas les albums qui se ressemblent. Surtout que la musique évolue et il faut se mettre à jour, c’est important", assure l'artiste.

Et pour chapeauter cette évolution artistique, le rappeur s'est entouré d'une équipe solide de beatmakers à l'instar de Grand Prêtre - déjà présent sur l'album Sélection Naturelle de Kalash Criminel en 2020, mais aussi, pour la première fois, d'un réalisateur, le producteur belge Ozhora Miyagi qui a notamment travaillé avec des grands noms du rap en France (SCH, Booba, Dosseh...) et aux États-Unis (A$AP Ferg, Tory Lanez, Lil Wayne...).

"C'est lui qui a ramené de la fraîcheur en termes de prods sur cet album. Il a eu l’idée de la jersey, de la 2 step... Et le fait de bosser avec quelqu’un qui réalise l’album, ça a donné une symbiose qui se ressent bien dans le projet", détaille Kalash Criminel.

"De la fraîcheur" dans les featurings

Cette volonté de renouvellement musical se retrouve également dans la liste des invités conviés par Kalash Criminel sur Bon Courage. Le rappeur, qui révèle au détour du morceau Yes Yes Yes vouloir "faire un trio avec les Daft Punk", s'est associé à Freeze Corleone, La Fève et Josman mais aussi à Lino et Akhenaton dont on retrouve les voix en guise d'interludes sur ce disque.

"Je voulais de la fraîcheur et pas forcément ramener les mecs qu’on voit tout le temps en featuring. (...) On regarde pas celui qui a le plus de buzz, ou qui vend le plus, pour nous c’est la musique et l’originalité. Je voulais varier et changer des albums qui sortent en ce moment", indique-t-il.

Pour ce disque, Kalash Criminel s'est également offert la présence du rappeur américain Bobby Shmurda, sur le morceau Ngannou. Une collaboration que l'artiste doit à son photographe Nesko.

"Un jour il m'appelle et me dit: 'J'étais avec Bobby Shmurda, je lui ai fait écouter un son à toi, il a kiffé de fou, il veut faire un feat avec toi (...). Mais moi j'avais des trucs à faire donc je lui propose qu'on se voit le lendemain et Bobby Shmurda lui dit: 'je devais voyager ce soir mais je vais repousser mon billet pour se voir'."

"À la base il voulait qu’on feat pour un titre à lui mais il me manquait un couplet sur mon morceau 'Ngannou' donc je lui ai proposé et il a kiffé. (...) En studio, le mec avait une énergie incroyable. Il a posé 46 mesures direct, sans bégayer, et il m'a dit: 'je pose ce que j’ai à poser, après tu gardes ce que tu veux et si tu veux tu peux faire d’autres morceaux avec les voix", poursuit Kalash Criminel.

Et d'ajouter: "Ce qui m’a choqué aussi c’est que les Américains sont beaucoup business et lui il m'a dit: 'non, moi tu me paies pas'. (...) C’est vraiment un feat qui s’est fait à l’humain."

"Il faut passer à autre chose"

Malgré le "Vol.1" présent dans le titre de son album qui laisse présager une suite, Kalash Criminel confie dans l'outro de ce projet, baptisée Cœur Blanc comme Jul, vouloir "bientôt se barrer comme Mélanie", en référence à la rappeuse Diam's, qui a mis fin à sa carrière dans les années 2010 pour se consacrer à la religion.

"Au bout d’un moment, il faut passer à autre chose. J’ai d’autres projets, plus importants que le rap sur lesquels j’ai envie de me concentrer", révèle Kalash Criminel.

En parallèle de la musique, ce grand fan de football s'est ainsi lancé en tant qu'agent de joueurs. Il souhaite également s'impliquer dans une association caritative "pour aider les albinos et les personnes opprimées partout dans le monde".

"Pour l'instant, la première étape, c'est de ne plus faire d'albums, mais il se peut qu’il y ait un featuring ou un morceau par-ci par-là, après on arrêtera définitivement", conclut Kalash Criminel.

Carla Loridan