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"J'ai toujours pensé que je n'étais rien": les confidences de Jane Birkin de retour avec un disque inédit

Dans l'album Oh! Pardon, tu dormais, concoté avec Etienne Daho, Jane Birkin chante la rupture, la jalousie et les fantômes, mais aussi sa fille Kate, disparue il y a sept ans.

"Sans lui je n'aurais jamais fait cet album", Jane Birkin sort ce vendredi Oh! Pardon tu dormais..., son premier album de titres inédits depuis 2008, conçu avec Etienne Daho, à qui elle rend un tendre hommage. S'émerveillant que le musicien lui ait donné "deux ans de sa vie", pour accompagner son projet.

Dans un entretien à BFMTV, la chanteuse se dit "portée par l'intérêt" de l'artiste, qui a su rendre "glorieuses et magnifiques, des choses si tristes: les séparations, les coups de foudre qui ne durent pas, des choses qui sans lui auraient stagné dans une mélancolie triste".

Et si, Jane Birkin le reconnaît elle-même, les thèmes abordés sont sombres, la musique d'Etienne Daho, et les orchestrations de Jean-Louis Piérot entre cuivres, violons et cornemuse lui confèrent un souffle plein d'énergie. "C'était d'une telle beauté que je me suis laissée embarquer par cette aventure qui est quand même signée Daho", souffle la chanteuse.

"Ma plus grande tragédie"

A notre micro, Jane Birkin se dévoile, déroutante de sincérité. Elle ne tait rien de sa douleur - la mort de sa fille Kate, sa "plus grande tragédie" - ni de ce sentiment d'imposture qui ne l'a jamais quittée - "J'ai toujours pensé que je n'étais rien, et qu'on allait s'en apercevoir". Et évoque sans complaisance la jalousie, la violence et l'enfance, dont elle dit joliment que c'est "le pays pour lequel on a le plus de nostalgie".

Tout cela a nourri cet album, qui arrive donc 12 ans après Enfants d'hiver, et une longue tournée symphonique avec les chansons de Serge Gainsbourg.

Et puis la mort de Kate Barry, sa fille aînée, disparue en 2013. Deux chansons de l'album évoquent cette disparition. Cigarettes ("Ma fille s'est foutue en l'air"), qu'elle reconnaît "sauter" quand elle écoute l'album, et Ces murs épais ("Moi dehors, toi dessous, cri muet, muet"). "Je les avais gribouillées dans mon agenda, quand j'étais à Lyon en train de chanter Gainsbourg Symphonique".

"Ce n'est pas du tout un disque triste"

"C'était impossible de faire un disque (...) et de ne pas parler d'elle. Ca fait 7 ans qu'elle est morte, pratiquement jour pour jour. Parler d'elle dans un moment où le manque d'elle était très très aigu, c'était ça qui était important. Et parler du malaise, dans les cimetières, de faire les choses parce qu'il le faut, alors qu'on est terrorisé par ce qui se passe en dessous. Ca il fallait que je le donne à Etienne, qu'il m'accompagne, parce qu'il a co-écrit les textes. Et après ça on pouvait passer au pardon ou aux fantômes, à d'autres thèmes".

Etienne Daho l'accompagne sur deux chansons, Oh! Pardon tu dormais, (dont les premières notes rappellent Heures hindoues) au titre emprunté au film et à la pièce de théâtre écrits par Jane Birkin il y a plus de 20 ans, sur le thème de la rupture. Et F.R.U.I.T, court dialogue amusant et sensuel entre les deux chanteurs.

"Avec lui, il y a un vrai moteur. Il y a une essence de vie en lui, qui fait que ça donne à tout ça, une sensualité". Elle évoque l'album de Daho, L'invitation, sorti en 2007, qu'elle a beaucoup aimé. "Dès que j'ai entendu ses textes si personnels, j'ai voulu faire partie de sa vie. Ce que j'ai pu apercevoir à travers les chansons de L'Invitation, ça m'a énormément tentée. Et lui, en écoutant Oh Pardon, je pense que la jalousie, la violence et la nostalgie l'ont touché".

"Finalement, ce n'est pas du tout un disque triste", conclut-elle. Puis elle réfléchit, semble se raviser et ajoute en souriant. "Enfin je ne sais pas, les autres diront pour moi".

Magali Rangin avec Philippe Dufreigne